La vie du couple a-t-elle quelque chose à voir avec la société, avec l’Eglise ? Certains disent « Cela ne regarde que moi, personne n’a rien à y voir… » Il y a quelque chose de juste dans cette affirmation, du moins en partie : le mariage, c’est d’abord et essentiellement l’union d’un homme et d’une femme qui se disent oui l’un à l’autre, qui construisent une alliance.
Le Christ ne dit pas autre chose quand il dit : « L’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme. Et ils deviennent une seule chair. » Mais il est vrai aussi que tout mariage a des conséquences sociales et a besoin d’être reconnu par la société pour mieux fonctionner : qui donne leur nom aux enfants, qui a le droit de les élever, etc, le couple, et son statut civil, fiscal, …
Dans la plupart des cas, il est impossible à un couple, à une famille de ne pas avoir ce statut social qui lui assure sa reconnaissance, protège ses droits, facilite ses relations avec le reste de la société. D’ailleurs le couple, la famille, ne sont-ils pas eux-même une première réalité sociale ?
Il y a donc un équilibre à trouver entre la juste autonomie du couple vis-à-vis de toutes les pressions sociales ou familiales qui jouent contre leur intimité, leur bonheur, leur fidélité, leurs choix, et la nécessité d’obtenir une reconnaissance sociale et juridique qui, elle, entraîne certaines obligations.
Le mariage civil
Les couples ont donc un vrai droit à un statut social, qui n’est pas toujours celui que l’Etat impose à un moment historique donné. Il y a de nombreux pays où le fait de célébrer le mariage à l’Eglise peut entraîner le bénéfice d’être également mariés juridiquement. Au contraire, en France, actuellement, la loi refuse au mariage religieux d’avoir des effets juridiques. De plus, elle interdit le mariage religieux s’il n’a pas été précédé d’un mariage dit “civil” devant le maire de la commune ou son adjoint.
Malgré ses limites, le mariage civil (sans mariage religieux) apporte quelque chose de plus au couple, dans la mesure où il est un engagement pris non seulement à deux, mais aussi vis-à-vis des autres.
Le mariage à l’Eglise
A la suite du Christ, l’Eglise demande aux catholiques baptisés de se marier religieusement1, de se dire un oui libre et définitif. Le mariage religieux est appelé un sacrement. Cela veut dire que par leur oui, l’homme et la femme accueillent un don spécial de Dieu, une “grâce” destinée à augmenter leur amour et à les aider tout au long de leur vie dans toutes les dimensions de leur mariage et de leur famille.
Le sacrement de mariage nous donne la capacité de renouveler l’amour en puisant à l’amour (voir Q 13). Le premier miracle que Jésus a fait nous dit l’Evangile (Jn 2, 1-11), c’est de renouveler la joie dans un mariage : à Cana. Alors que la fête risque de tourner court par manque de vin, Jésus change l’eau en vin. Voilà ce qu’il nous propose dans le sacrement de mariage : de transformer l’eau de notre mariage humain — avec toutes ses réalités — en vin, le vin des Noces de l’Agneau : que notre amour dure jusqu’à l’éternité.
Cela m’étonne toujours, dit Dieu, d’entendre les gens dire : “Nous sommes mariés !” Comme si on se mariait un jour !Laissez-moi rire. Comme si on se mariait une fois pour toutes ! Ils croient que c’est arrivé, et qu’ils peuvent vivre, vivre de leurs rentes d’amour de gens mariés. Comme si on se mariait un jour ! comme s’il suffisait de se donner une fois, une fois pour toutes ; comme si Moi-même j’avais fait le monde en un jour. Comme s’il ne fallait pas, à tout prix, par un bon sens enfin, se marier tous les jours que je fais… Charles Péguy. |
Témoignage
Il y a huit ans, j’ai rencontré Linda. Rien, a priori, ne pouvait nous rapprocher. Elle avait 21 ans, était allemande et sortait de terminale. Elle était au pair dans une famille qui faisait agrandir sa maison. J’étais l’architecte des travaux. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois lors d’une invitation qui m’avait été adressée de la part de cette famille. Puis nous nous aperçûmes encore le temps d’une réunion de chantier et Linda repartit en Allemagne. Huit semaines plus tard, après une correspondance très suivie, j’attendais Linda à la gare. Nos bras devancèrent nos sentiments et nous trouvions l’un et l’autre une paix profonde, comme parvenus enfin au but. J’étais contre le mariage, qu’il soit civil ou religieux, car j’estimais que, pour qu’une relation soit vraie, il fallait qu’elle puisse à tout instant ne plus exister. En d’autres termes, « c’est si facile de se séparer que si on ne le fait pas, c’est qu’on ne veut pas le faire. » Cette façon de penser met en première place la liberté, mais aussi l’engagement quotidien renouvelé tacitement. Je sentais qu’il ne pouvait pas y avoir sincérité dans la relation sans un réengagement quotidien non formulé, mais réel par l’existence même de la relation. De son côté, Linda avait reçu une éducation chrétienne. Elle tenait à sa foi et, sans pour autant le regretter, aurait préféré que notre relation ne soit pas dès le début à la fois physique et morale. Mariage ou pas ? Un an et demi après notre rencontre (nous avions déjà un bébé de 5 mois), Linda commença à me demander avec insistance de nous marier à la mairie. Cela engendrait de fortes discussions et des emportements. Lorsqu’elle entama le sujet des alliances je me mis en rage. Des signes ? Pour qui ? Pour quoi ? Linda tenait à ce mariage civil parce que cela avait valeur d’engagement et qu’un concubinage n’était pas pour elle moralement acceptable. C’était également un signe extérieur important marquant une étape de notre vie et l’approche de l’étape suivante qu’elle désirait tout autant : le mariage religieux. De mon côté, l’engagement était pris depuis longtemps puisque nous avions décidé d’avoir un enfant mais en prenant conscience de l’importance pour Linda que nous soyons mariés et de son besoin de tourner une page sur son passé, j’acceptai ce mariage civil. Douze jours après, le temps de la publication des bans, j’étais fier de porter mon alliance ! Il n’était pas encore question de mariage religieux. Linda gardait ce désir profond dans son cœur sans l’exprimer, ou bien timidement, mais le portant dans sa prière. Or, en 1990, lors d’un voyage en Allemagne, Linda reçut un livre du père Tardif : “Jésus a fait de moi un témoin”. Elle y découvrit la puissance de l’amour de Dieu. Cela renouvela totalement sa foi. Ce fut encore l’occasion de frictions entre nous jusqu’au moment où j’acceptai moi aussi de lire le livre. J’y découvris une religion vivante et l’Amour de Dieu. J’eus l’occasion de participer à un groupe de prière. Cette expérience a bouleversé ma vie : Dieu était vivant. Il m’aimait. Il agissait dans ma vie. C’est ainsi qu’en janvier 91, nous avons reçu le sacrement de mariage. Depuis nous expérimentons tous les deux une joie nouvelle et aussi combien Jésus peut nous aider pour vivre notre amour au quotidien. En voici un exemple : en cas de désaccord avec Linda, il arrive souvent que le ton de notre discussion monte. Chacun de nous, sûr de sa position, fort de son droit, veut l’emporter sur l’autre. Il en résulte des offenses, des mots blessants. Chacun attend que l’autre revienne sur ses paroles enflammées, s’excuse, se fasse tout petit pour que la victoire soit complète. J’ai compris maintenant que la vraie victoire, c’est le pardon ! Dans la prière, je trouve la force de demander pardon à Linda. Cela n’a rien à voir avec une fausse défaite qui laisse l’orgueil intact. Il ne s’agit pas non plus d’être la pauvre victime qui se dévoue. Non, c’est au contraire un sentiment de puissance que je ressens, un bien-être profond, c’est une force qui passe en moi et me dépasse. Inutile de préciser qu’il s’ensuit une réconciliation profonde et que l’amour reprend ses droits. Luc |
Credits: www.ilestvivant.com –
Agreement 25/7/2023
with Emmanuel Community https://emmanuel.info/