Sainte Gemma Galgani. Journal Intime

Gemma_Galgani_1878-1903
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19 Juillet, 1900

Ce soir enfin, après avoir souffert de l’éloignement de Jésus pendant 6 jours, j’ai pu me recueillir un peu. Comme c’était Jeudi, j’ai commencé mon heure de prière, comme à l’habitude. J’aurais bien voulue la faire à genoux mais l’obéissance voulait que je reste dans mon lit, et c’est ce que je fis. Je me suis mise à penser à la crucifixion de Jésus. Au début je ne ressentais rien. Après quelques minutes, je me sentis plus recueillie, et cela est arrivé comme les autres fois; je fus ravie en extase. Je me suis retrouvée avec Jésus qui souffrait des douleurs horribles.

Comment faire pour regarder Jésus souffrir et ne pas vouloir l’aider? Je fus prise alors d’un grand désir de souffrir, et demandai à Jésus de m’accorder cette grâce. Il ne fut pas long à me contenter. Il s’est approché de moi, enleva de sa tête la couronne d’épines et la posa sur la mienne et alla se placer à l’écart. Il vit que je le regardais en silence et il comprit vite la pensée que je venais d’avoir à l’instant : ‘Peut-être que Jésus ne m’aime plus, car d’habitude, lorsque Jésus veut me faire connaître qu’il m’aime, il presse bien fort cette couronne sur ma tête ou sur certaines parties de ma tête.’ Jésus me comprit et avec ses mains, il la pressât sur mes tempes. Ce fut un moment douloureux, mais un moment si heureux! J’étais là maintenant à souffrir avec Jésus. J’aurais tant aimé demeurer ainsi toute la nuit, mais Jésus aime tant l’obéissance. Il m’a soumit lui-même à l’obéissance à mon Confesseur, alors, après que l’heure fut passée, il me quittât. Je veux dire que je ne le vit plus. Il arriva quelque chose qui ne s’était jamais passé auparavant : à chaque fois qu’il pose sa couronne sur ma tête, habituellement, avant de me laisser, il la reprend et la remet sur sa tête. Hier, par contre, il me la laissa jusqu’à quatre heure environ.

À dire vrai, j’en souffris un peu, mais j’ai réussi à ne pas m’en plaindre une seule fois. Jésus me pardonnera si quelquefois je laisse échapper quelques plaintes, car elles sont bien involontaires. Chaque mouvement que je faisais me faisait souffrir beaucoup mais par la suite, j’étais très contente.

Vendredis, 20 Juillet

À 4:00 heures aujourd’hui environ, j’éprouvai le désir de m’unir vite avec Jésus. Mais à vrai dire, je n’en ressentais aucun goût car j’étais sans force; épuisée de souffrir. Je me suis tout à coup trouvée en présence de Jésus, qui est venu près de moi. Il n’avait pas l’air triste comme les nuits précédentes, mais plus content. Il m’a caressé affectueusement, puis, avec un air de contentement, il a soulevé la couronne de ma tête. J’ai tout de suite senti moins de douleur, et quand il l’a remise sur sa propre tête, je ne ressentais plus aucune douleur. Mes forces me sont revenues rapidement et je me suis senti même mieux qu’avant de souffrir.

Ensuite, Jésus me parlât de diverses choses; et durant notre conversation je lui ai dit de ne pas m’obliger à me confesser au Père Vallini parce que je ne le ferais pas volontiers. Jésus devint sérieux et un peu mécontent. Il me dit que je devais y aller, et hâtivement! Alors je lui ai promis que j’irais volontiers.

J’avais tant de choses à dire à Jésus mais je sentais que je n’en aurais pas le temps cette fois. Alors il me fit la promesse qu’il reviendrait à l’heure de mes prières du soir, et qu’alors il se montrerait plus content et plus favorable. Il me montrât son cœur ouvert et j’y vis deux paroles que je ne comprenais pas. Je lui en ai demandé la signification. Jésus me répondit : ‘Je t’aime beaucoup, parce que tu me ressemble beaucoup.’ ‘De quelle façon, Jésus?’ Lui dis-je, ‘car je me sens tellement différend de vous.’ ‘Dans ta façon d’accepter les humiliations,’ me répondit-il. En me remémorant ma vie passée, je compris alors ce qu’il me disait. L’orgueil avait toujours été l’un de mes plus grands défauts. Quand j’étais petite, peu importe où je me rendais, j’entendais toujours dire de moi que j’étais une grande hautaine. Mais Jésus a prit les moyens pour m’humilier, spécialement durant cette année! Je comprends enfin ce à quoi Dieu voulait en venir avec moi. Que Jésus soit à toujours remercié! Ensuite mon Dieu a ajouté qu’avec le temps, il ferait de moi une sainte. (J’aime mieux ne rien dire là-dessus, car il est impossible qu’il arrive à faire de moi ce qu’il a dit.)

Il me donna quelques avertissements à transmettre à mon Confesseur, et me bénit. Je compris qu’il allait partir, comme à l’habitude, pour quelques jours. Mais comme Jésus est bon! À peine fut-il partit qu’il laissa à sa place, mon Ange Gardien, qui, avec sa continuelle charité; sa vigilances et sa patience, pour m’assister.

Oh Jésus! Je vous ai promis de toujours vous obéir, et je vous l’affirme à nouveau! Je veux vous obéir contre mes propres volontés et malgré toutes les difficultés que le diable apportera, en chaque chose je veux vous obéir!

Samedi, 21 Juillet

Aujourd’hui, samedi 21 Juillet, je n’étais vraiment pas en disposition de recueillement. Dès que j’ai pu être seule, je me suis fait violence et j’ai récité: ‘La couronne des douleurs’, mais ma pauvre tête ne s’y sentait pas du tout portée. Mais ma chère maman, ‘Marie Reine des Douleurs’ a bien voulu me rendre visite (je ne me rappelle pas qu’elle soit déjà venue un autre jour que le samedi. Ce sont les samedis qu’elle avait coutume de se faire voir.)

Elle avait l’air d’être très affligée. Je ne sais pas mais il me semblait qu’elle avait pleuré. Je l’ai interpelé plusieurs fois avec le doux nom de Maman, et ne me répondait pas. Mais quand elle m’entendait dire : ‘Maman’, elle souriait. Je le lui ai encore répété; plusieurs fois, tant que j’ai pu, et à chaque fois elle me souriait. Puis elle me dit enfin : ‘Gemma, veux-tu te reposer un peu sur mon sein?’ Je me suis levée pour aller m’agenouiller près d’elle, mais elle aussi s’est levée; elle m’a baisé le front et disparue.

J’étais à nouveau seule et certaine que ma Mère m’aimait encore, mais elle était très blessée. Après tout ça, je me sentais encore affligée mais j’avais beaucoup plus de résignation.

Ce soir-là, comme je l’avais promis à Jésus, je suis allée déclarer (les paroles de Jésus trad.) au Père Vallini. Mais voilà qu’après être sortie du confessionnal, je me suis soudainement sentie agitée et troublée; c’était le signe que le diable était aux alentours.

Et malheureusement, il y était effectivement, bien que je ne m’en aperçue que plus tard, lorsque je me suis mise à prier. Comme je l’ai déjà dit, j’étais troublée et agitée. Intérieurement et extérieurement, j’étais toute bouleversée. J’aurais bien préféré entrer dans mon lit et m’endormir plutôt que de prier, mais non, j’ai choisi de me faire violence. J’ai commencé par dire les trois invocations que j’ai l’habitude de faire chaque soir, au Sacré Cœur de Marie. Dès que je me suis mise à genoux, l’ennemi, qui était resté caché jusqu’à maintenant, apparu sous la forme d’un très petit homme tellement horrible, que je fus envahie de frayeur. Je tournai toutes mes pensées vers Jésus et cela me fortifiait. J’ai continué à prier mais tout à coup j’ai commencé à recevoir plusieurs coups à l’épaule, et plus bas; et j’en reçu beaucoup. J’ai passé environ une demi-heure dans cette tempête. Je me suis bien aperçue cependant, que la chose qui leur déplaisait le plus était le recueillement que Jésus me faisait très souvent éprouver. Entre temps, s’approchait le temps où je devais obéir; c’est-à dire, aller au lit; mais y aller dans cet état me déplaisait, car je n’avais pas encore fait mon examen de conscience. Je priai mon ange gardien, et il m’aida vraiment d’une manière bien curieuse.

Dès qu’il se présentât à moi, je me mis à le supplier de demeurer avec moi toute la nuit. Il me demandât ce qui se passait, et je lui fis voir le diable. Il s’était beaucoup éloigné mais il me menaçait toujours. Je le priai de rester avec moi toute la nuit, et il me dit : ‘Mais j’ai sommeil’. ‘Mais non,’ lui répondis-je, ‘les anges de Jésus ne dorment pas.’ Il ajoutât : ‘Néanmoins ils doivent se reposer’, (mais je m’aperçue qu’il disait ça pour rire) ‘Où as-tu préparé ma place?’ J’allais lui dire de se mettre sur le lit, là où je priais, mais cela aurait été mal. Je lui dis de demeurer près de moi, et il me le promit. J’allai donc au lit, puis il m’a semblé qu’il déployait ses ailes; et il vint se placer au dessus de ma tête. Je m’endormis instantanément et au matin, il était encore là. Je suis partie à la messe et quand je suis revenue, il n’était plus là.

Dimanche, 22 Juillet

Aujourd’hui j’ai été communiée, mais Jésus ne s’est nullement fait ressentir. Cependant je me suis trouvée très calme. Je croyais être tout à fait libre de cette bête si laide qui m’avait beaucoup frappé auparavant, mais pas du tout! Mon intention était d’aller dormir mais il a commencé à me donner des coups tels, que je craignais vraiment en mourir. Il prit la forme d’un gros chien tout noir. Il mit ses pattes sur mes épaules et me fit très mal, me causant des douleurs dans tous les os. À certains moments, je croyais qu’il allait me dévorer. Comme je tentais de prendre l’eau bénite qui était derrière moi, il m’a tordu le bras si cruellement que je suis tombé par terre, éprouvant de grandes douleurs. Il avait vraiment démit l’os de sa place. (Mais j’y reviendrai plus tard; Jésus me toucha et tout fut remit en place.)

Après un moment, je me suis rappelée que j’avais au cou, une relique du bois de la Sainte Croix. J’ai fait le Signe de Croix sur moi avec et j’ai rapidement retrouvé mon calme. Je me mis vie à remercier Jésus, qui se fit alors voir à moi pour peu de temps. Il me ranima et me fortifiât pour souffrir et combattre à nouveau, puis il me laissa. Ensuite, je n’ai pas été en mesure de me recueillir davantage, mais que Dieu soit béni de toute façon.

Tout au long de la journée d’hier, mon Saint Ange m’a donné quelques mises en garde. Le premier fut à l’heure où je m’approchais pour dîner. À cet instant, il me vint une pensée mauvaise… L’Ange, l’ayant tout de suite comprit, me dit : ‘Ma fille, veux-tu vraiment que je m’en aille et ne plus jamais me revoir?’ Alors je courbai ma tête de honte… Il prononça si fort cette parole, que je me demandais les autres les avaient entendus également. Une autre fois, fut durant la journée d’hier, pendant que j’étais à l’Église, oui, même à cet endroit, il s’approcha de moi et me dit : ‘La grandeur de Jésus ainsi que le lieu où tu te trouve, méritent une autre manière d’agir.’ Un moment auparavant, j’avais levé les yeux et regardée les beaux vêtements de deux enfants.

La nuit dernière, j’étais au lit, couchée d’une manière qui manquait de convenance. Il me réprimandât en me disant qu’au lieu de progresser par ses enseignements, je devenais toujours pire et que, quant à la poursuite du bien, je ralentissais et régressais continuellement.

Plus tard, le matin en me réveillant, il recommençait : ‘Il semble bien qu’au lieu d’être suffisamment bonne pour être prête à la visite de ‘Marie Reine des Douleurs’ et du confrère Gabriel, quoique tu fasses, tu n’en seras sûrement pas digne.’

Lundi, 23 Juillet

Aujourd’hui Jésus s’est montré à moi de nouveau; il veut bien continuer à me voir mais pas de la même manière qu’avant; soit en m’unissant à lui par le recueillement, mais d’une autre façon.

Je suis allée au lit et je me suis endormie. Comme je dormais bien; après un quart d’heure environ, (car mes sommeils sont toujours brefs), j’ai vu au pied de mon lit, par terre, l’habituel petit homme très noir, et de la taille d’un petit enfant. J’ai tout de suite réalisé qui il était, et j’ai riposté immédiatement en lui disant : ‘Tu poursuis encore ta mission de ne pas me laisser dormir?’ ‘Comment! Dormir?’ me répondit-il, ‘Pourquoi ne pries-tu pas?’ ‘Je prierai plus tard’, ai-je dit, ‘Maintenant c’est l’heure de dormir.’

‘Cela fait deux jours que tu n’as pas pu te recueillir; alors suis mon idée!’ Il commençât à me donner quelques gifles; alors j’ai pris le crucifix en main, mais cela n’eut aucun effet. Il était en train de me monter sue le dos et m’en donner d’autres autant qu’il pu. Ensuite je ne sais pas ce qui s’est passé; Je l’ai vu se mettre en fureur et se rouler par terre.

À cette vue je souriais car je n’avais aucune peur de lui aujourd’hui. Il dit : ‘Je ne peux rien te faire aujourd’hui mais je m’occuperai de toi une autre fois.’ Je lui ai demandé : ‘Pourquoi ne le peux-tu pas? Si tu peux le faire en d’autres occasions, pourquoi ne le peux-tu pas le faire encore? Je reste la même, j’ai seulement Jésus au cou.’

Alors il m’a dit : ‘Que peut-il bien y avoir dans cette chambre qui te protège?… Enlève ce truc que tu portes et ensuite tu verras!’ J’insistais, je lui disais que je ne portais rien parce que je dormais. Mais je comprenais de quoi il parlait. Après ces paroles, j’étais contente, je me mis au lit et le regardais en souriant, faire des imprécations et être dévoré de rage. Il me disait que si je priais encore, il me ferait souffrir encore plus. ‘Cela ne m’importe pas’, ai-je dit, ‘je souffrirai pour Jésus!’

En somme aujourd’hui, je me suis beaucoup amusée : Je l’ai vu très enragé, mais cependant, il jura de me le faire payer.

Il est revenu seulement ce soir, mais Dieu merci, il n’a pas pu rester bien longtemps. Il m’a donné trois très violents coups de poing; tellement que pour me mettre au lit, il me fallu pas mal de temps. Quelquefois je le vois s’enfuir avec beaucoup de frayeur sans que j’en sache la raison. Quant à moi, il me réduit à un état tel, que je pouvais à peine bouger.

Combien de fois ai-je appelé Jésus! Mais il n’est jamais venu. Je priai aussi mon Ange Gardien pour qu’il me mène à Jésus, mais à chaque fois ce fut inutile. Je le retins un peu avec moi, mais il me dit : ‘Ce soir Jésus ne viendra pas te bénir et moi non plus.’

Alors, cela m’a effrayée parce que si Jésus ne me bénissait pas pour me donner des forces, je ne pourrais pas me lever, car je n’avais pas mes choses là où j’étais. Quand il vit que j’étais sur le point de pleurer, il me dit : ‘Mais tu sais, Jésus t’enverra quelqu’un ce soir; et si tu savais de qui il s’agit, tu éprouverais un grand bonheur.’ Alors mes pensées se sont vite envolées vers le Confrère Gabriel. Je le lui ai demandé mais il ne me fit aucune réponse. Il me gardât en suspend pour quelques moments; j’étais pleine de curiosité. Finalement il me dit : ‘Et si Jésus t’envoie vraiment le Confrère Gabriel pour te bénir, que feras-tu? Tu ne devras pas lui parler, autrement tu désobéirais à ton Confesseur.’ ‘Non, je ne lui parlerai pas’. Répondis-je, impatiente. ‘Mais comment le frère Gabriel pourra-t-il me bénir?’ ‘Mais c’est Jésus qui te l’envoie; Jésus te l’a déjà envoyé auparavant pour te bénir. Mais réussira-tu à obéir et à garder le silence?’ ‘Oui, oui, j’obéirai! Faites-le venir!’

Après quelques instants il vint. Quelle folle émotion s’emparât de moi alors! J’aurais voulu lui parler mais j’ai été sage et me suis retenue. Il me bénit avec certains mots Latins dont je me souviens très bien, et fut vite après sur son départ. Alors je n’ai pas pu m’empêcher de dire : ‘Frère Gabriel, priez notre Mère de vous envoyer à moi samedi, et vous fasse rester beaucoup plus longtemps.’ Il s’est retourné et m’a dit en souriant : ‘Il faut que tu sois bonne.’ Et en disant ceci, il enlevât de ses reins sa ceinture noire et me dit : ‘Est-ce que tu la veux?’ Alors oui, que je la voulais! ‘Ca me fait tant de bien quand vous me la laissez porter; s’il vous plaît, donnez-là moi maintenant.’ Il me fit signe que non. Il dit qu’il me la donnerait samedi, et il disparut. Il m’avait dit que cette ceinture était celle-là même qui m’avait libérée de ce démon la nuit d’avant.

Mardi, 24 Juillet

Hier il est arrivé comme d’habitude. J’étais allée au lit; en fait je dormais déjà, mais le démon ne semblait pas le vouloir. Il se présentât voir à moi d’une manière grossièrement obscène. Il m’a tenté mais j’ai été forte. Je me suis recommandée à Jésus, lui demandant de m’enlever la vie plutôt que de me permettre de l’offenser. Ces tentations furent horriblement obscènes! Toutes les tentations me sont abjectes, mais celles contre la Sainte Pureté sont vraiment celles qui m’offensent le plus!

Et pour me redonner la paix, vint mon Ange qui m’a assuré que je n’avais fait aucun mal. Cependant j’avais pleuré par moments, et lui ai dit que j’aurais souhaité qu’il me vienne en aide en de pailles situations. Il m’a répondu que peu importe que je le vois ou non, il était toujours au-dessus de moi pour me chapeauter. Mais pas hier, parce que c’est M. SS. A. (Marie des très Saintes Douleurs) qui m’aidât, et je fus très forte. Elle me promit que le soir venu, Jésus viendrait me voir.

Arrivée au soir, j’attendais avec impatience le moment d’aller à ma chambre. J’ai pris le crucifie et je suis allée au lit. Mon Ange également était content que j’aille au lit parce que… Je sentis alors que j’étais rapidement en train d’entrer en extase. Alors vint mon Jésus, et quoi qu’il fut quelque peu loin de moi; quel ravissant moments j’ai passée!

Je lui ai vite demandé s’il m’aimait toujours, et il m’a répondu par ces paroles : ‘Ma fille, je t’ai enrichi de tant de belles choses, sans aucun mérite de ta part, et tu me demandes si je t’aime? Je crains tant pour toi.’ ‘Pourquoi?’ Lui dis-je. ‘Oh ma fille! Durant les jours où tu jouis de ma présence, tu es pleine de ferveur et il te coûte peu de fatigue de prier. Maintenant par contre, la prière t’ennuie et quelques négligences dans tes devoirs, commencent à s’insinuer dans ton cœur. Oh ma fille, quelle est la cause de ton avilissement? Dis-moi : par le passé, est-ce que l’oraison te semblait longue comme maintenant? Tu fais bien quelques petites pénitences mais combien de temps attendras-tu avant d’y prendre une ferme résolution?’

Je restai sans parler. Pourquoi restai-je sans parler devant ce doux reproche, je ne le sais pas.

Je continuai ensuite à lui parler du couvent; et à ce sujet, il me rassurât beaucoup. Je lui ai dit que s’il m’aimait, il devait me faire la grâce d’entrer à ce couvent. Je le priai de me parler encore de ce nouveau couvent, et il me répondit : ‘Bientôt les paroles du Confrère Gabriel s’accompliront.’ ‘Toutes ses paroles?’, lui demandai-je avec excitation. ‘Sois sans crainte, toutes les choses qu’il t’a dites s’accompliront bientôt. Et quand reviendra ton Confesseur, je vous annoncerai des choses encore meilleures.’

Pour finir, je lui recommandai ma pauvre âme de pécheresse. Il me bénit et en partant, il me dit : ‘Rappelle-toi que je t’ai créée pour le ciel : tu n’as rien à faire avec les choses de la terre.’

Mercredi, 25 Juillet

(1ère entrée)

Et aujourd’hui? Que je-dirai aujourd’hui? Je ne peux trouver la paix; Je suis aujourd’hui davantage dominée par mon orgueil que par le passé. J’ai m’a été très ardue de devoir faire une simple petite action d’humilité.

(2e entrée)

De ce qui m’est arrivée hier, j’en parlerai très peu. Je ne contrôle pas ma langue, et à cause de moi, d’autres personnes doivent en souffrir. Par obéissance à mon Confesseur, je dois parler très peu, et jamais avec des personnes qui ont entendues parler de mes expériences. Il y a quelques jours, quand le Père Norberto est venu, je me suis vite cachée. Il est revenu une autre fois et j’ai fait la même chose. À dire le vrai, j’ai été obéissante, mais que m’en a-t-il coûté par après! Quelques jours plus tard, j’ai eu l’occasion d’en parler à un autre religieux à ce propos, et j’ai même inventé un beau mensonge en lui disant que c’était Dame Cecilia qui m’avait fait cacher. Mais non! J’ai fait cela de moi-même.

Je ne sais pas comment le Père Norberto est venu à l’apprendre, car il est venu rapidement référer la chose à Dame Cécilia, qui fut très embarrassée, mais non moins embarrassée que moi. Elle me questionna à savoir si j’avais vraiment dit cela. J’ai répondu non car je ne me rappelais de rien. Il y eut cependant celui qui me fait me rappeler de tout… Vint mon Ange Gardien qui me fit un reproche en disant : ‘Gemma, viens ici! Même le mensonge maintenant!? Ne te souviens-tu pas, il y a seulement quelques jours, quand tu es allée raconter tes expériences au Frère Famiano, comment je t’ai punit en te faisant restée une demi-heure…?’ Alors je me suis très bien rappelée de tout. (Je dois dire qu’à chaque fois que je fais quelque chose de mal, mon Ange Gardien me donne une punition. Il ne se passe pas un soir où je n’en ai pas.) Il me commanda donc d’aller voir Dame Cécilia et de tout lui raconter, et de la prier en Son nom, de bien vouloir me pardonner.

J’ai promis de le faire; bien sûr! Mais la journée s’est passée, ensuite, la soirée; mais jamais je n’ai fait ce petit acte d’humilité. Mon Ange est venu me le rappeler à nouveau, en me disant que si je n’allais pas tout lui avouer, cette nuit même le diable viendrait.

Devant ce danger je ne pus pas résistée. Je suis allée dans sa chambre; sa lampe était éteinte; j’en fus bien soulagée, car de cette façon, au moins, elle ne me verrait pas. Alors, tant bien que mal, je lui ai, par contrainte, tout avoué. Ne pas être capable de m’humilier ainsi moi-même était une telle honte… Finalement, après m’avoir dit que tout serait oublié, je suis allée dans ma chambre. Oui, elle m’avait bien dit que tout était oublié, mais cela me semblait impossible. J’ai demandé pardon à Jésus plusieurs fois, ainsi qu’à mon Ange bien-aimé, et je suis allée au lit. Mais quelle horrible nuit! À cause de la grande résistance que j’avais opposée à cet acte d’humilité, mon Ange me laissa seule devant les visites de l’ennemi. Je ne pouvais pas dormir parce que ma conscience me troublait; et comme je me sentais mal!

Jeudi, 26 Juillet

Au matin finalement, est venu l’Ange Gardien qui me réprimanda crument, puis il me laissa de nouveau seule et affligée. J’ai reçu la très sainte Communion, mais dans quel état mon Dieu! Jésus ne se fit pas sentir à moi. Après toutes ces choses, je pu être seule. Je laissai enfin mes sentiments se décharger librement. C’était ma faute, je le réalise cela, mais si je peux dire une chose, c’est qu’il n’a jamais été dans mes intentions de causer du désagrément à personne, mais mes inclinations au mal sont si fortes qu’il arrive souvent que je tombe en faute de cette façon. Jésus me laissant dans cet état pendant plus d’une heure. Je pleurais et j’étais affligée. Mais Jésus eut pitié de moi et il est venu. Il me caressa et me fit promettre de ne plus jamais faire ce genre de chose à l’avenir, puis il m’a béni.

À propos des choses qui sont arrivées hier, je dois avouer que j’ai raconté trois mensonges; que j’ai eu des pensées de rages colériques, et aussi j’ai eu l’idée de me venger de celui ou celle qui m’avait rapporté. Mais Jésus m’interdit tout à fait d’en parler au Frère Famiano ou à qui que ce soit d’autres. Je me suis rapidement calmée, et pour l’être encore plus, j’ai couru me confesser.

Ensuite durant le soir, après avoir dite mes prières, je me préparais comme à l’habitude à faire la ‘Sainte Heure’ de prières. Jésus a été avec moi tout au long. J’étais au lit tôt, comme d’habitude, parce que je n’aurais pas été capable de m’empêcher d’aller auprès de mon Bien-aimé Jésus et de souffrir avec Lui. J’en souffris beaucoup, mais il me rassura en me prouvant à nouveau son amour envers moi, en me donnant à porter sa couronne d’épines jusqu’au lendemain. Le Vendredi, Jésus m’aime d’avantage. Ce soir-là il reprit sa couronne en me disant qu’il était content de moi, et en me caressant affectueusement il me dit : ‘Ma fille, si je t’ajoute d’autres croix, n’en sois pas découragée.’ Je le lui promis et il me laissa.

Vendredi, 27 Juillet

Ce vendredi j’ai souffert plus que d’habitude, parce que j’ai dû remplir plusieurs petites obligations et à chaque mouvement je croyais mourir. En effet, ma tante m’avait commandé d’aller puiser de l’eau, et je me sentie si épuisée. Il me semblait que les épines me perçaient jusqu’au cerveau. (D’une manière figurative, évidemment.) Le sang commença à apparaître sur mes tempes. Je suis allée me nettoyer en vitesse, et elle s’en aperçue à peine. Elle m’a demandé si j’avais fait une chute et m’avais blessée à la tête; mais je lui dis que je m’étais égratignée avec la chaîne du puits. Après cela je suis allée voir les Sœurs du Couvent; il était 10:00am et je suis demeurée avec elles jusqu’à environ 5:00pm. Alors je suis retournée à la maison mais Jésus m’avait déjà retiré la couronne.

Samedi. 28 Juillet

J’ai passé une très bonne nuit, et au matin l’Ange est venu. Il avait l’air enchanté. Il me dit de prendre du papier et d’écrire ce qu’il me dicterait. En voilà le contenu : ‘Rappelles-toi ma fille que quiconque aime véritablement Jésus, parle peu et supporte tout. Je t’ordonne au nom de Jésus, de ne jamais dire ton opinion, à moins qu’elle te soit demandée; de ne jamais soutenir avec entêtement ton point de vue, mais au contraire, de céder rapidement. Obéis ponctuellement à ton Confesseur sans répliquer, et aux autres qu’IL (*Jésus) te désignera. Mais quand ce sera nécessaire, ne donne qu’une réponse, en étant sincère avec l’un comme avec les autres. Lorsque tu auras commis une faute, ou omis quelque chose, tu t’en accuseras tout de suite, sans attendre qu’on te le demande. Finalement, souviens-toi de préserver ton regard, ayant à l’esprit que les yeux qui ont été mortifiés verront les beautés du Ciel!’

Après avoir dit ces choses il m’a béni et il m’a dit d’aller prendre la sainte Communion. J’y courue vite; ce fut la première fois, après presque un mois, que Jésus ne s’était fait sentir à moi. Je lui ai dit tout ce qui c’était passé et je le retins avec moi longtemps parce que j’ai reçu la Communion à 8:30am et lorsque je suis revenue à moi-même, il était beaucoup plus tard. J’ai couru à la maison et en cours de route, l’horloge sonna 10:15am, mais c’était correct. J’étais toujours dans le même état que lorsque j’avais communié. Je levai la tête et je vis que l’Ange Gardien était au dessus de ma tête, les ailes déployées. Il m’a accompagné lui-même jusqu’à la maison. Il m’avertit de ne pas prier de la journée mais d’attendre la tombée de la nuit où je pourrais le faire en toute quiétude. Je savais que je n’avais pas à craindre les autres membres de la maisonnée, mais seulement de ma sœur. En effet, elle avait bouché le trou de la serrure; il m’était impossible de fermer et de verrouiller. Mes tantes sont intervenues durant la soirée et j’ai pu clore ma porte.

Vers le soir je suis allée aux ‘Quinze Samedis’ à Ste-Maria Bianca (i.e. l’église de la paroisse de la famille Giannini). En effet, la Vierge m’avait dit qu’elle ne viendrait pas me payer sa visite habituelle parce que dans les quelques jours passés, j’avais déplût à Jésus. Je lui ai dit que Jésus m’avait pardonné, mais elle me répondit : ‘En ce qui me concerne, je ne pardonne pas aussi facilement à mes filles. Je veux absolument que tu deviennes parfaite. Nous verrons si samedi prochain je pourrai venir et amener avec moi le Frère Gabriel.’ Elle me bénie néanmoins et je suis résignée.

Chose certaine, je ne manque pas de tentations. L’une d’entre elles en particulier, a été très forte. Hier soir, samedi, le démon vint et me dit : ‘Brave fille! Brave fille! Je te remercie d’écrire chaque chose! Car ce que tu ne sais pas, c’est que tu écris toute mon œuvre! Et si (*par ce journal intime), tu es découverte; quelle scandale et quelle honte pour toi! Où iras-tu te cacher? Je te fais passer pour une sainte mais tu es tout à fait leurrée!’

Je me suis sentie si mal, que dans mon désespoir, je me jurai que lorsque Dame Cécilia serait revenue, j’allais détruire tout ce que j’ai écrit. Entretemps j’ai essayé de déchirer ce Journal mais je n’ai pas pu; je n’en avais pas la force ou alors il s’est passé quelque chose que je ne comprends pas.

Dimanche, 29 Juillet

Je suis demeuré dans cet état jusqu’à hier matin, Dimanche, sans être capable de me recueillir. Mon Ange Gardien ne m’a toutefois pas quitté; il m’a fortifié. Je dois même dire que Dimanche, je n’avais même pas faim, mais il m’obligea à manger, comme il l’a fait également aujourd’hui. Chaque fois il ne manque pas de me bénir mais aussi de me punir et de me crier après.

Aujourd’hui Dimanche, je ressens un grand besoin de Jésus, mais il est déjà tard et je n’ai plus espoir. (*de le voir) Il m’a tout l’air que je serai libre et seule ce soir.

Mais Jésus est venu, vous savez! Oh combien il m’a reproché que je ne sois pas allée à la Communion! Voilà de quelle façon Jésus me fit ce reproche : ‘Pourquoi. Oh ma fille, suis-je si souvent privé de tes visites? Tu sais comme je désire que tu viennes à moi lorsque tu as été obéissante et bonne.’ Alors je me suis agenouillée devant Jésus, et en pleurant je lui ai dit : ‘Mais comment, mon Jésus, n’es-tu pas fatigué de me souffrir, moi et ma froideur de cœur?’ ‘Ma fille’, me répondit-il, ‘Vois à partir d’aujourd’hui à ce que pas un seul jour ne passe sans que tu ne viennes à moi, en essayant de garder ton cœur purifié et orné avec le plus de soins possibles. Éloigne tout amour propre de ton cœur ainsi que toutes autres choses qui n’est pas entièrement de moi, et alors, viens à moi sans crainte.’

Il me bénit, ainsi que tous les membres du Sacré Collège, et s’en alla. Ah oui; à la fin il me recommanda d’avoir un peu plus de force en combattant l’ennemi, et de ne tenir aucun compte de ses paroles parce que le diable ment toujours et cherche tous les moyens pour me faire tomber dans le péché, surtout à l’égard de l’obéissance. ‘Obéis ma fille!’ me répéta-t-il, ‘obéis immédiatement et avec joie pour ainsi achever la victoire de cette belle vertu. À ce propos, prie ma Mère, qui t’aime tant.’ J’aurais voulu lui dire que hier, sa Maman n’a pas voulut venir, mais il a disparu.

Lundi, 30 Juillet

Ce matin, Lundi 30 Juillet, je suis allée prendre la très Sainte Communion. Je ne voulais pas la prendre car je n’étais pas en paix avec ma conscience. Je tardais et j’ai étiré le temps jusqu’à 9:00am, en me demandant si je devais y aller ou non. Mais Jésus a gagné, et je suis allée; mais dans quel état! Dans quelle froideur étais-je! J’étais complètement incapable de ressentir Jésus.

Aujourd’hui, je n’ai pas du tout été capable de me recueillir. Je me sentais tellement troublée et inquiète! Je me suis mise en colère, mais j’étais seule; personne ne m’a vu.

J’ai tellement, tellement pleuré, parce que ma sœur Angelina ne voulait pas sortir de la chambre. Hier soir, Dimanche, par malveillance, est restée dans ma chambre jusqu’à 11:00pm, en me disant pour se moquer de moi, qu’elle voulait me voir aller en extase. Aujourd’hui, elle a fait encore la même chose. Hier elle a écrit au Père Bagni de S. Giuliano, et lui a beaucoup parlé de moi et de mes expériences. Cette contrariété que j’aurais dû accepter volontiers et en remercier Jésus, m’exaspérait au contraire, et par moment, je suis presque tombée dans le désespoir.

Alors que j’étais encore dans cet état, mon Ange Gardien, qui m’avait observé, me dit : ‘Pourquoi es-tu si contrariée, ma fille? Il te faut bien souffrir quelque chose pour Jésus, tu le sais.’ (En vérité, ce qui m’avait blessé le plus sont certaines paroles que (ma sœur) m’a dites très fort), à ceci, mon Ange répondit : ‘Tu es seulement digne d’être méprisée, parce que tu as offensé Jésus.’ Alors il me rendit le calme, vint s’asseoir à mon côté. Et me dit gentiment; très gentiment : ‘Oh ma fille, mais ne sais-tu pas que tu dois être en tout, conforme à la vie de Jésus ? Il a tellement souffert pour toi. Ne sais-tu pas que tu dois en chaque occasion qui se présente, souffrir pour lui ? Et ensuite, pourquoi fais-tu du chagrin à Jésus, de négliger de méditer chaque jour sur la Passion ?’ C’était vrai : je me rappelle que je faisais une méditation sur la Passion, seulement le vendredi et jeudi. ‘Rappelle-toi : tu dois le faire chaque jour.’ Finalement il me dit : ‘Courage! Courage! Ce monde n’est pas du tout le lieu du repos; tu te reposeras seulement après ta mort. Pour maintenant tu dois souffrir, et aussi souffrir chaque chose pour éviter à quelques âmes, la mort éternelle.’ Ensuite je l’ai supplié de demander à ma Mère (Marie) de venir me voir un tout petit peu, parce que j’avais tellement de choses à lui dire. Et il a dit oui. Mais elle n’est pas venue ce soir-là.

Mardi, 31 Juillet

Nous sommes mardi; je cours prendre la très Sainte Communion, mais dans quel état! J’ai promis à Jésus d’être obéissante et de changer de vie; mais il ne m’a rien répondu. Je lui ai aussi demandé qu’il m’envoie sa Mère, qui est également la mienne, et il m’a répondu : ‘En es-tu digne?’ J’ai eu honte et n’ai rien demandé de plus. Il a ajouté ensuite : ‘Sois obéissante et Elle viendra bientôt avec le Frère Gabriel.’

Je n’ai pas pu me recueillir depuis Dimanche, néanmoins j’ai remercié Jésus. Quand mon Ange Gardien vient je suis bien éveillée et ma tête ne ‘s’envole’ pas comme avant. Quand me visite, Jésus, ma Mère ou quelquefois le Frère Gabriel, m’a tête s’envole, mais je demeure toujours à l’endroit où je suis; je me retrouve toujours exactement au même endroit. C’est uniquement mon esprit qui se déplace. Je ressens un grand besoin de ma Mère! Si Jésus voulait m’accorder cela, je serais sûrement capable d’être meilleure ensuite. Combien de temps puis-je continuer sans ma Mère?

Mercredi et Jeudi; 1er et le 2 Août

Mercredi j’ai été tout à fait incapable de me recueillir ou de méditer, et de même pour le Jeudi. Quand, de temps à autre mon Ange me dit quelque chose, je demeure dans ce même misérable état. En fait, Mercredi soir je me suis demandé s’il se pourrait que le diable soit en train de me mystifier. Mais l’Ange m’a rassuré en me disant simplement ceci : ‘Obéissance.’

J’en viens maintenant à ce soir (*Jeudi). Comme à l’habitude, par obéissance, je suis allée au lit. Je me suis mise en prière et me suis immédiatement recueillie. Depuis quelque temps je me sentais un peu malade. Je me sentais très délaissée lorsque j’avais mal à la tête et que Jésus n’était pas là. Le Confesseur m’a demandé ce matin si j’avais mes périodes; j’ai répondu que non. Celles-ci me font beaucoup souffrir mais elles ne sont rien comparées à ces mal de tête.

Pauvre Jésus! Il n’y avait pas une heure qu’il m’avait laissé, mais il vint se présenter à moi de cette façon : tout ensanglanté en me disant : ‘Je suis le Jésus du Père Germano.’ Je ne l’ai pas cru, et vous savez pourquoi? Quand il s’agit vraiment de Jésus, je suis toujours d’abord très effrayée. Alors j’ai prononcé ces paroles : ‘Bénit soient Jésus et Marie!’ et là j’ai compris. Il me donna un peu de force mais intérieurement j’avais toujours de la peur. Alors il dit : ‘Ne crains pas, je suis le Jésus du Père Germano.’ Ensuite, sans même me le suggérer d’abord le moindrement, il me pressa de prier pour la Mère Maria Teresa de l’Enfant Jésus, parce qu’elle était au Purgatoire et souffrait beaucoup. Comme s’il la voulait rapidement avec lui, fit-il paraître…

Vendredi, 3 Août

Aujourd’hui j’ai un peu dormi, ensuite me suis sentie complètement sereine à l’intérieur. Après un recueillement j’ai senti ma tête s’envoler : J’étais avec Jésus; comme j’étais heureuse! Oui, j’ai souffert tellement dans ma tête; je me suis un peu plainte du fait qu’il me laissait seule. Je l’ai prié à nouveau de me faire savoir quand M. M. T. [= Mère Maria Teresa] sera en ciel. Il a dit : ‘Pas tout de suite; elle souffre encore.’ Je lui ai recommandé ma pauvre (*âme) pécheresse. Il m’a bénit, ainsi que tous les membres du Sacré Collège et m’a laissé. J’étais bien réconfortée. Ce soir j’ai senti que je ne pourrais pas arriver à me composer. J’ai donc fait quelques prières vocales dans la soirée et suis allée au lit. Pour dire le vrai, je prévoyais un peu ‘d’orage’, parce que Jésus m’avait averti il y a quelques jours en me disant : ‘L’ennemi te mettra à l’épreuve avec une dernière bataille, mais ce sera la dernière parce que maintenant, tu en as eu suffisamment.’ Je ne pouvais pas m’empêcher de le remercier de la force qu’il m’avait toujours donnée, et je le priai pour qu’il me la donne à nouveau une dernière fois. (C’était hier).

Je suis allé au lit, comme vous le savez, avec l’intention de dormir. L’assoupissement n’a pas été très long; il m’est apparut presque immédiatement, un petit, très petit homme nu mais tout couvert de poils noirs. Quelle horreur! Il a posé ses mains sur mon lit, et j’ai pensé qu’il voulait me frapper. ‘Non, non!’, dit-il, ‘je ne peux pas te frapper, tu n’as pas à avoir peur.’ Et en disant cela, il s’est allongé sur le lit pour me faire des choses sales. J’appelai Jésus à mon aide mais il ne vint pas, mais cela ne voulait pas dire qu’il m’avait abandonné, car aussitôt que j’ai invoqué son nom, je me suis tout de suite sentie libre. Cela a été instantané. Les autres fois j’ai fait appel à Jésus mais jamais je ne l’ai vu être aussi aguerri qu’hier soir. Vous auriez dû voir le démon après ça! Comme il était fâché; il se roulait sur le plancher; blasphémait, et fit un dernier effort pour emporter la Croix que j’avais avec moi mais il tomba immédiatement à la renverse.

Comme Jésus a été bon pour moi hier soir! Après ce dernier effort, le diable se tournât vers moi et dit que puisqu’il ne pouvait rien faire contre moi, il souhaitât pouvoir me tourmenter toute la nuit. ‘Non!’ Je lui ai dit. J’ai appelé mon Ange Gardien qui déployât ses ailes et vint se poser auprès de moi. Il me bénit, et ce mauvais démon s’enfuit. Soit remercié Jésus.

Ce matin je me suis aperçue qu’aux premiers instants où ce démon est revenu en fureur, madame Giannini avait déposé le scapulaire de Notre Dame Des Douleurs sur moi, et j’ai réalisé que lorsque le démon essayait de m’enlever la robe que j’avais sur le dos, il ne pouvait rien faire. Que ma Mère, la Mère des Douleurs soit aussi remerciée.

Samedi, 4 août

Me voici arrivée à samedi; c’est le jour destiné à recevoir la visite de ma Mère, mais devrai-je l’espérer? Car je suis arrivée tard ce soir. J’ai commencé à réciter la Couronne des Mystères de la Mère des Douleurs, puis j’ai cessé d’espérer et m’en suis remise à la volonté de Dieu; j’allais passer cet autre Samedi sans voir la Mère des Douleurs. Pour Jésus, cette offrande était un sacrifice agréable, et je m’en contente volontiers. Je ne sais plus au juste à quelle endroit de la Couronne j’étais arrivée, mais à un certain point je me suis sentie complètement absorbée intérieurement, et d’habitude, avec cette sorte de recueillement, ma tête s’envole rapidement. Et sans le réaliser, je me suis retrouvée (du moins il m’a semblé) devant notre Mère des Douleurs.

Quand je l’a vis, au début j’ai eu un peu peur. Je fis tout pour m’assurer si vraiment elle était la Maman de Jésus, et elle m’en a donné tous les signes pour m’en assurer. Après quelques moments je me sentais en paix et contente. Mais je me sentais si intimidée de me voir si petite comparée à elle, et en même temps si contente, mon émotion était telles que je n’arrivais pas à parler, si ce n’est de répéter le nom ‘Maman!’ Elle me regarda fixement, en riant, et elle s’approcha vers moi pour me caresser, et me dire que je devais me calmer. Oui, bien sûr. La joie et une grande émotion bouillonnaient en moi, et peut-être craignait-elle que ce soit mauvais pour moi. (Cela est déjà arrivé en d’autres occasions. En effet, une fois – je n’en ai jamais parlé – quand j’ai reçu la grande consolation de voir Jésus à nouveau, mon cœur a commencé à battre avec une telle force que j’ai été obligée, sur ordre de mon Confesseur, de m’attacher un bandage très serré à cet endroit.) Elle me quittât donc en me disant que je devrais aller me reposer. J’ai obéit promptement, et en une seconde je fus au lit sans tarder et le calme m’est revenu.

Je dois aussi dire qu’en voyant ces choses; ces personnages; (car je pourrais certainement être trompée par l’ennemi) je suis premièrement prise de crainte, mais ensuite, la peur est rapidement suivie par un sentiment de joie. Quoiqu’il en soit, voilà comment ça se passe pour moi. Je Lui ai parlé à propos de certains de mes désires, et le plus important de ceux-ci est qu’elle m’amène avec elle au Ciel. Je lui ai dit cela à plusieurs reprises. Elle m’a répondu : ‘Ma fille, tu dois encore à souffrir.’ Peu importe, je souffrirai là-bas. (Je voulais dire au Ciel. ‘Non’ fut sa réponse. Elle ajoutât : ‘Au Ciel, on ne souffre plus. Mais je t’emmènerai là-haut très bientôt’, a-t-elle dit.

Il était près de mon lit; elle était si belle, je ne pouvais pas me rassasier de la contempler. Je lui ai recommandé la pécheresse que je suis, et elle a souri. C’était un bon signe… Je lui ai aussi recommandé plusieurs personnes qui m’étaient très chères, en particulier, ceux envers qui j’ai une grande dette de gratitude. Je devais aussi le faire par ordonnance de mon Confesseur. La dernière fois il m’implora de les recommander chaudement à Marie, Mère des Douleurs; en me disant que je ne pouvais rien faire pour eux, mais que la Sainte Vierge peut intercéder en leur faveur et répandre sur eux toutes les grâces.

Comme je craignais qu’elle me quittât à tout moment, je lui ai encore présenté ma requête à plusieurs reprises; celle de m’emmener avec elle. Sa présence me fit oublier mon protecteur, le Confrère Gabriele. J’ai demandé pourquoi elle ne l’avait pas apporté avec elle, et elle me dit : ‘Parce que le Confrère Gabriel exige de toi une obéissance plus exacte.’ Elle avait quelque chose à me dire au sujet du Père Germano; alors elle n’a pas répondu à ma requête. (de l’emmener avec elle – trad.*)

Pendant que nous parlions ensemble, elle me tenait constamment la main, puis elle la relâchât. Je ne voulais pas qu’elle parte. Comme j’étais sur le point de pleurer elle me dit : ‘Ma fille, cela suffit. Jésus veut ce sacrifice de toi. Il est maintenant l’heure pour moi de te quitter.’ Ses paroles me calmèrent; et je lui ai répondu avec sérénité : ‘Alors qu’il en soit ainsi. Le sacrifice est fait.’ Et elle me quittât. Qui pourrait décrire, ne serais-ce qu’un tout petit peu, combien est belle et combien charmante est notre Mère du Ciel? Non, il n’y a pas de comparaison, c’est certain. Quand aurais-je le privilège de la revoir de nouveau?

Dimanche, 5 août

Aujourd’hui dimanche, j’ai demandé à l’Ange Gardien, s’il me ferait la grâce d’aller dire à Jésus que je ne me sentais pas bien, et que je ne pouvais faire la méditation d’aujourd’hui. Je l’aurais plutôt faite durant la soirée. Puis dans la soirée, je n’en avais aucune envie. Je suis donc allée me coucher et j’ai fait ma préparation à la méditation mais seulement en me recueillant intérieurement. Ma tête ne s’est pas envolée; je suis demeurée ainsi pendant une heure. Je dois ajouter que la méditation du Dimanche se fait toujours sur la Résurrection, plus exactement sur le Paradis, mais Jésus m’a fait clairement savoir qu’il ne désirait pas que je fasse cette méditation encore, parce que mon esprit court vite à quelque point principal de sa Passion. Que sa volonté soit faite.

Lundi, 6 août

J’en suis arrivée au 6 août, et me voici toujours dans l’abîme de ce monde. Ce soir, pendant que je faisais les prières du soir, l’Ange Gardien s’est approché de moi et en me donnant de petites tapes sur l’épaule, me dit :

– (l’Ange) ‘Gemma, pourquoi es-tu apathique pour la prière? Cela attriste Jésus.’

– (Gemma) ‘Non’, lui ai-je répondu; ‘ce n’est pas un manque de bonne volonté, mais depuis deux jours, je ne me sens pas bien.’ Il a ajouté :

– (l’Ange) ‘Fais ton devoir avec diligence, et tu verras que Jésus t’aimera encore de plus.’ Il est resté silencieux pendant un moment, ensuite je lui ai demandé :

– (Gemma) ‘Et le Confrère Gabriel?’

– (l’Ange) ‘Je ne sais pas. Cela fait combien de temps que tu ne l’as pas vu?’

– (Gemma) ‘Il y a très très longtemps.’

– (l’Ange) ‘Alors, ce soir Jésus te l’enverra.’

– (Gemma) ‘Vraiment? Mais cette nuit je ne peux pas. Ce serait une désobéissance de ma part. Concernant la nuit, mon Confesseur s’y oppose.’

Avec quel grand désir je voulais qu’il vienne! Mais je voulais également obéir. Je le priai donc de me l’envoyer durant le jour, et de faire vite. (*Ainsi je pourrais inclure cela – traducteur) dans la lettre au Père Germano. Alors j’ai insisté auprès de mon Ange Gardien d’aller à Jésus pour lui demander s’il aurait la permission de passer la nuit avec moi. Et il est disparu immédiatement.

J’avais fini les prières, alors je suis allée au lit. Lorsque il a eu la permission de Jésus, il est revenu et m’a demandé : ’Il y a combien de temps que tu n’as pas prié pour les âmes du Purgatoire? Oh ma fille! Tu penses si peu à eux! Mère Maria Teresa est encore en train de souffrir tu sais.’ Pas plus tard que ce matin, j’avais prié pour elles. Il me dit qu’il aurait plaisir à ce que je consacre chaque petite douleur que je souffre, aux âmes du Purgatoire. ‘Oui’, m’a-t-il dit, ‘oui ma fille; même la plus petite des souffrances leur donne du soulagement.’ Alors j’ai promis qu’à partir de ce moment, j’offrirai tout pour eux. Il a ajouté : ‘Combien souffrent ces âmes! Aimerais-tu faire quelque chose pour eux ce soir? Veux-tu souffrir?’ De quelle manière, lui ai-je dit? S’agit-il de la même souffrance que Jésus a éprouvé dans la journée de Vendredi Saint? ‘Non’ me répondit-il; ‘ce ne sont pas ces souffrances-là; tu devras souffrir physiquement.’ J’ai dit non, parce qu’en dehors du Jeudi et du Vendredi, Jésus ne veut pas. Les autres nuits il veut que je dorme. Mais comme il s’agit des âmes du Purgatoire, et en particulier de Mère Maria Teresa, qui est si près de mon cœur, je lui ai dit que je souffrirais volontiers pendant une heure. Ces paroles l’ont satisfait car il voyait bien que si j’avais fait cela (en dehors du Jeudi et du Vendredi *trad.), j’aurais désobéit. Il m’a donc laissé dormir. Ce matin lorsque je me suis réveillée, il était toujours près de moi; il m’a bénit et s’est en allé.

Mardi, 7 Août

Durant la journée d’hier, mon Ange Gardien m’a promit que dans la soirée, je pourrais parler avec Frère Gabriel. Le soir tant attendu arriva enfin. Au début le sommeil voulait me vaincre mais ensuite une telle surexcitation est venue m’agiter que j’en fus prise de frayeur. Mais puisque Jésus était sur le point de m’accorder cette consolation; que ce soit avant ou après que je souffrir; que Jésus en soit toujours béni!

Étant encore sous le choc de cette agitation, je ne vis encore personne; je veux dire le diable, seulement j’étais très mal. Mais cela n’a pas duré longtemps. Rapidement, le calme m’est revenu; je sentis tout à coup que me venait le recueillement et comme à l’habitude, toute suite après ma tête s’est envolé et je me suis retrouvée en présence du Frère Gabriel. Quelle consolation ce fut pour moi! Mais l’obéissance m’empêchait de m’approcher de lui pour baiser sa tunique, alors je me suis retenue. La première chose que je lui ai demandée est pourquoi il ne m’a visité depuis si longtemps. Il me répondit que c’était de ma faute. Ce dont je suis persuadée parce que j’avais été bien désobéissante.

Combien de belles choses il me dit à propos du (*futur) Couvent! Et il en parlait avec une telle force, qu’il me semblât même que ses yeux étincelaient! Et avant que je le lui demande, il me dit de lui-même : ‘Ma fille, dans quelques mois, dans l’exultation de presque tous les Catholiques, le nouveau Couvent sera fondé.’ Que voulez-vous dire par ‘en peu de mois’? Lui ai-je dit, puisqu’on m’a assurée que ce ne serait pas avant 13 mois? ‘C’est ce que je veux dire par quelques mois,’ dit-il. Alors en souriant, il a pivoté sur un côté; s’est agenouillé et joignit les mains en disant : ‘Vierge Bénie. Regardez : ici, sur la terre, on rivalise contre la fondation de ce nouveau Couvent. Je vous en prie; rendez abondant les dons du ciel et faites pleuvoir vos faveurs sur tous ceux qui y participeront. Faites grandir en eux la force; faite croître leur zèle. On saura que ces grâces viennent de vous, oh Vierge Bénie.’

Il parlait comme si Notre-Dame des Douleurs était tout près de lui; je ne pouvais rien voir mais il disait ces mots avec une telle force et une telle expression, que j’en étais stupéfiée! Il semblait hors de lui-même, comme si sa tête aussi s’était envolée.

Suite à cela maintenant, j’allais devoir parler au Père Germano, mais mon Confesseur avait auparavant dit ‘non, parce que…’

J’ai dit (*à Gabriel) que j’étais une telle pécheresse… mais il m’a souris. C’est un bon signe. Finalement il est partit mais il m’a laissé avec beaucoup de consolations.

Mercredi, 8 août

Nous en arrivons à ce matin. Peu de temps après être sortie du Confessionnal, il m’est venu une pensée à l’esprit. Je me suis dit : ‘Mon Confesseur fait trop peu de cas de mes péchés.’ J’étais préoccupée. Pour me calmer, mon Ange Gardien s’est approché; j’étais à l’Église et il a prononcé ces paroles tout hautes : ‘Lequel préfère-tu croire; le Confesseur ou ta tête? Ton Confesseur, qui reçoit de continuelles lumières d’en haut; qui est tout à fait capable de t’assister, ou toi-même qui n’a rien, rien, rien de tout cela? Oh, quel orgueil!’ Il disait : ‘Tu veux devenir le professeur, le guide et le directeur de ton Confesseur!’ Alors j’ai arrêté de me demander des choses. J’ai fait un Acte de contrition et je suis allée faire ma Sainte Communion.

Jeudi, 9 août

Aujourd’hui encore, après avoir soutenue, par la grâce de Dieu, une bataille avec l’ennemi, mon Ange Gardien est venu me réprimander avec grande sévérité, et dit : ‘Fille, rappelles-toi qu’en manquant à l’obéissance, à chaque fois, tu commets un péché. Pourquoi es-tu si méfiante et cette répugnance à obéir à ton Confesseur? Rappelles-toi également qu’il n’y a pas de chemin plus court, ni de voie plus sûre que ceux de l’obéissance.’

Mais pourquoi tout ceci m’est arrivé aujourd’hui? Parce que c’était de ma faute. J’aurais mérité bien pire, mais Jésus me montre toujours tant de miséricorde. Mais ce soir; quelle répugnance! Depuis ce matin je me sens si fatigué, mais ce n’est qu’apathie et mauvaise volonté, mais je désire me vaincre, par la grâce de Dieu.

C’est Jeudi, alors je commence à me sentir un peu mal; les Jeudis soir je me sens toujours de cette façon. Je vais vite me mettre au lit. Oui, souffrir; souffrir pour les pécheurs, et particulièrement pour les pauvres âmes du Purgatoire et en particulier pour… Et bien, je sais pourquoi j’éprouve cette langueur si tôt dans la journée. Les autres soirs, elle venait sur moi quelques heures plus tard. C’est parce qu’aujourd’hui mon Ange Gardien m’a dit que ce soir, Jésus voulait que je souffre quelques heures de plus; deux heures, pour être plus précise. À 9:00 pm cela va commencer par les âmes en peine, et ceci, sans la permission de mon Confesseur. D’habitude il ne cri pas après moi; au contraire c’est ce qu’il souhaite. Il me laisse libre de le faire.
Hier soir, environ vers 9:00pm j’ai commencé à me sentir un peu mal, alors j’ai été vite au lit. J’avais déjà commencé à souffrir depuis un bon moment; le mal de tête me faisait si mal… chaque mouvement que je faisais, me causait des douleurs terribles. J’ai soufferte pendant deux heures, comme Jésus le désirait, pour Mère Maria Teresa. Alors, avec grand peine, je me suis déshabillé et suis entrée dans mon lit et j’ai commencé à prier. C’était très douloureux mais en la compagnie de Jésus, on ferait n’importe quoi!

Vendredi, 10 août

La nuit précédente, mon Ange Gardien me dit qu’il m’était permis de garder la couronnes d’épines sur ma tête jusqu’à 5:00 de l’après midi. Cette parole disait la vérité parce que vers cette heure j’ai commencé à me porter un peu mieux. Je suis allée me cacher dans une Église des Franciscains, et là, Jésus est venu me l’enlever. J’étais seule (*dans l’Église. Trad.). Il m’a montré combien il m’aimait! Il m’a encouragé de souffrir à nouveau, puis il me laissa dans une mer de consolation!

Je dois dire cependant très souvent, surtout le Jeudi soir, je suis gagnée par une grande tristesse à la pensée d’avoir commis tant de péchés; ils me reviennent tous à l’esprit et j’ai honte de moi et en suis énormément affligée. La nuit dernière seulement, quelques heures auparavant, cette honte et cette tristesse me sont encore revenues. Je ne retrouve un peu de calme uniquement dans cette petite souffrance que Jésus m’envoie; l’offrant d’abord pour les pécheurs, en particulier pour moi, puis aux âmes du Purgatoire.

Quelles nombreuses consolations me donne Jésus! Et de combien de façons me montre-t-il qu’il me veut bien! Toutes choses viennent de ma tête qui ‘s’envole’ mais si je suis obéissante, Jésus ne me laisse pas être dupée. Jeudi soir Il m’a avoué que durant ces jours où Dame Cecilia n’était pas là, il ne m’a jamais laissé sans mon Ange Gardien. Il m’a encore donné cet Ange la nuit dernière et depuis ce temps, il ne m’a pas quitté même un seul instant. Et ceci, je l’ai observée de nombreuses fois; je n’en ai pas même parlé avec le Confesseur, mais aujourd’hui même je dis tout. Quand je suis avec d’autres personnes, mon Ange Gardien ne me quitte pas. Par contre, quand je suis avec elle (Dame Cécilia Giannini), l’Ange me quitte immédiatement.) Je veux dire qu’il ne se fait plus voir, si ce n’est pour me donner quelque avertissement); et c’est ce qui est arrivé aujourd’hui : Il ne s’est pas éloigné de moi une seule minute. Si je dois parler, prier, faire quelque chose ou que je parle de Lui; Jésus ne permet pas que je sois dupée. (*par l’ennemi)

Ceci m’étonne tellement que j’ai été contrainte de lui demander : Comment se fait-il que lorsque Dame Cécilia est avec moi, tu ne demeures jamais visible? Il a répondu comme ceci : ‘Aucune personne, en dehors d’elle, ne sait prendre ma place en tant que tuteur. Pauvre enfant,’ ajoutât-il, ‘tu es si petite que tu as toujours besoin d’un guide! Ne crains pas car je le suis maintenant, mais obéis! Car tu sais, je pourrais facilement…’

Je suis allée à me confesser et j’ai dit la chose; à mon Confesseur, (je le lui avais également écrit à ce sujet). Il m’a tout expliqué ce que je ne comprenais pas, et maintenant je comprends tout.

Samedi, 11 août

Il est samedi, et je vais prendre la Sainte Communion. Que dois-je faire? Quoi que ce soit, j’obéirai. Si je pouvais ainsi obtenir une visite de Ma Mère! Mais je ne crois pas, car je me rappelle du péché que j’ai commis hier soir. Il est vrai que ce matin je m’en suis vite confessée. Mais hélas! La Vierge Bénie ne pardonne pas si facilement, surtout quand il s’agit de moi. Elle veut que je sois parfaite.

Samedi soir. Mon Dieu! Quelle punition! C’est la plus grande punition que vous pouviez me donner; celle de me priver de la visite de la très Sainte Marie. Et il faut toujours que ce soit le Samedi que je commette tant d’offenses…

Dimanche, 12 août

Nous sommes Dimanche. Quelle apathique indifférence! Quelle aridité! Mais je ne veux pas abandonner mes prières habituelles.

Mercredi, 15 août

Je suis demeurée dans cet état d’aridité et d’absence de Jésus jusqu’aujourd’hui, mercredi. Depuis Vendredi, je ne l’ai plus ressentie. Mon Confesseur m’assure que c’est une punition pour mes péchés ou pour voir si je peux demeurer sans Jésus, afin de me stimuler à l’aimer encore davantage. J’ai été seule tout au long; je veux dire sans Jésus. L’Ange Gardien ne m’a pas laissé pour une seconde. Et pourtant, combien d’offenses et de fautes ai-je commise en sa présence! Mon Dieu, ayez compassion de moi! J’ai toujours été communié fidèlement, mais c’était comme si Jésus était partit pour toujours. Mais Jésus veut-il vraiment me quitter aujourd’hui et me laissé seule durant une si grande solennité? J’ai reçu la Communion avec beaucoup plus de consolations, mais sans ressentir Jésus. J’ai beaucoup prié ces jours-ci, parce que je veux que Jésus m’accorde une grâce.

Aujourd’hui, M. M. T. [= Mère Maria Teresa] devrait aller au ciel; du moins je l’espère. Mais comment faire pour le savoir? Je ne peux me recueillir suffisamment si je ne suis pas dans un endroit sûr. Alors aujourd’hui, mon Ange Gardien fera la garde à ma porte.

Me voici à 9:15 heures, en ce grand jour. Je sens l’habituel recueillement interne recueillement. J’ai prié mon Ange Gardien de monter la garde afin que personne ne me voie. Je me suis cachée une salle des religieuses. Oh! Il n’est pas passé beaucoup de temps avant que le recueillement se change en ‘enlèvement’! (celui qui lit ces lignes ne devrait pas prêter foi à tout, parce que je pourrais très bien être dupée moi-même et me tromper.) Mais que Jésus ne le permette jamais ! J’écris tout ceci par obéissance; je me soumets à écrire même si je le fais avec grande répugnance.)

Il était environ 9:30 heures, et tout à coup je me sens secouée par une main, légèrement posée sur mon épaule gauche. Je fus prise de frayeur; j’avais peur et j’ai essayé d’appeler mais je m’en suis abstenue. Je me suis retourné et j’ai vu une personne habillée en blanc: je reconnue que c’était une femme. Je la regardai, et son regard me disait d’être rassurée, et que je n’avais rien à craindre. ‘Gemma’, me dit-elle après quelques instants, ‘me reconnaissez-vous?’ J’ai dit ‘non, car je vous le dirais sinon’. Elle me répondit : ‘Je suis la Mère Maria Teresa De Jésus, je vous remercie avec une grande reconnaissance de vous avoir donné tant de soin pour moi, parce que bientôt je pourrai atteindre mon éternel bonheur.’

Tout cela est arrivé alors que j’étais vraiment éveillée et en pleine conscience de moi-même. Alors elle a ajouté : ‘Continuez encore, parce qu’il me reste quelques jours à souffrir.’ En me disant cela, elle m’a caressé et s’en est allée. L’aspect de son regard, je dois dire, démontrait qu’elle avait beaucoup de confiance en moi. Dès cette heure, j’ai redoublé mes prières pour son âme, afin qu’elle puisse rapidement atteindre son but. Mais mes prières sont trop faibles. Comme je souhaiterais, concernant les âmes du Purgatoire, que mes prières aient la puissance de celles des saints!

À partir de ce moment, j’ai souffert continuellement, parce que depuis environ 11:00pm je ne pouvais pas être seule. Je sentais en moi une certaine concentration, un désir d’aller prier, mais comment faire? Je ne pouvais pas. Combien de fois ai-dû insister! Finalement, le moment tant attendu, arriva; j’ai obtenu la permission d’aller retrouver Ma Mère. Même si ce ne fut que quelques moments; ils ont été de précieux moments!

À cause de ma mauvaise conduite, Jésus ne permit pas que Marie vienne en souriant, comme elle le fait toujours, mais très triste. (et j’en étais la cause). Elle me gronda un peu mais elle s’est réjouit d’une chose (mais je pense qu’il vaut mieux ne pas en parler ici). et cette chose fit une telle joie à Jésus! En fait, c’était justement pour me récompenser de cette chose qu’elle me fut envoyée (Marie). Mais comme je l’ai dit, elle était dans un état d’esprit plutôt sérieux; elle m’a dit quelques mots, dont en voici quelques-uns : ‘Ma fille quand je retournerai au Ciel ce matin, j’emporterai ton cœur avec moi.’ À ce moment elle s’est approchée de moi et j’ai sentit qu’elle enlevait quelque chose de moi… elle le prit avec elle dans ses mains et me dit : ‘Ne crains rien; sois bonne et obéissante; je garderai ton cœur là haut à jamais; toujours dans mes mains.’ Elle me bénit rapidement et en partant elle a aussi prononcé ces paroles : ‘À moi tu as donné ton cœur, et Jésus veut quelque chose d’autre également.’ Qu’est-ce qu’il veut, demandai-je? ‘Ta volonté’, et disparue.

Je me suis retrouvée sur le plancher, et je sais quand exactement, cela est arrivé; ce fut au moment où elle commença à retirer mon cœur. Même si ces choses m’effraient au premier abord, à la fin, finissent toujours par me laisser en des consolations infinies.

Jeudi, 16 août

Je suis arrivée ici, au Jeudi. J’éprouve l’habituel ‘mal-être’ la peur de perdre mon âme m’enveloppe. Le nombre de péché et leur énormité sont tout à découvert devant moi. Quelle troublante anxiété! Dans ces moments mon Ange Gardien me souffle à l’oreille : ‘Mais la miséricorde de Dieu est infinie!’ Et alors je retrouve la paix.

Tôt dans la journée j’ai commencé à avoir mal à la tête, il devait être environ 10:00am. Quand j’étais seule, je me jetais sur mon lit; je souffrais ‘un peu’, mais Jésus n’a pas tardé à apparaître et à me montrer qu’il avait grandement souffert lui aussi. Je lui ai rappelé les pécheurs pour qui, il m’exhortât lui-même à offrir toutes mes petites douleurs au Père Éternel en leur faveur.

Pendant que je souffrais et que Jésus souffrais aussi, vint en moi un violent désir, presque impossible à résister. Jésus le perçu immédiatement et me dit : ‘Que veux-tu que je fasse?’ Et rapidement : ‘Jésus, par pitié, allèges les tourments de Mère Maria Teresa.’ Et Jésus : ‘Je l’ai déjà fait. Que souhaites-tu d’autre?’ demandât-il. Cette parole me donna de la hardiesse et je dis : ‘Jésus, sauvez-là! Sauvez-là!’ Et Jésus me répondit comme ceci : ‘Au troisième jour après l’Assomption de ma mère Bénie, elle sera libérée du Purgatoire et je la prendrai avec moi dans le Ciel.’ Ces mots me donnèrent une plénitude de joie telle, qu’il m’est impossible de décrire! Jésus me dit plusieurs autres choses. Je lui ai encore demandé pourquoi, après la Sainte Communion, il ne me permettait plus de goûter les délices du Ciel. Il répondit promptement : ‘Tu n’en es pas dignes, ma fille.’ Mais il m’a promit qu’il le ferait le lendemain matin. Comment pourrais-je attendre jusqu’au matin? Certes, il n’y avait que quelques heures, mais pour moi, il y avait des années. Je n’ai pas fermé mes yeux au sommeil; je me consumais. J’aurais voulu que le matin arrive immédiatement. En un mot, la nuit m’a semblé interminable, mais finalement, la matinée est venue.

Vendredi, 17 août

Dès que Jésus est arrivé sur ma langue, (si souvent la cause de bien des péchés), il s’est immédiatement fait sentir à moi. Dès lors, je n’étais plus en moi-même, mais Jésus était en moi. Jésus est descendu dans ma poitrine. (Je dis poitrine, parce que le cœur, je l’avais donné à la Mère de Jésus.) Quels heureux moments j’ai passés avec Jésus! Comment lui rendrais-je ses affections? Avec quels mots pourrais-je exprimer l’amour qu’il prodigue à sa pauvre créature? Mais il a daigné venir. C’est vraiment impossible; oui, vraiment impossible de ne pas aimer Jésus. Combien de fois m’a-t’il demandé si je l’aimais; si je l’aimais vraiment? Et en doute-tu encore mon Jésus? Il s’unit toujours plus intimement à moi; il me parle et me dit qu’il veut que je sois parfaite; qu’il m’aime énormément lui aussi et que je dois lui rendre la pareille.

Mon Dieu, comment me rendre digne de tant de grâce? Les lieux que je ne puis atteindre, mon cher Ange Gardien suppléer à ce qui me manque. Puisse Dieu ne jamais permettre que je me dupe moi-même ou les autres!

J’ai passé le reste de la journée unie avec Jésus; je souffre un peu, mais personne ne s’est aperçues que je souffrais. De temps en temps une plainte s’échappe, je le déplore, mais mon Dieu! C’est vraiment involontaire.

Aujourd’hui, il a fallu si peu; rien même, pour me recueillir, mes pensées étaient déjà avec Jésus, et j’y suis donc immédiatement allée avec mon esprit aussi. Combien Jésus s’est montré affectueux avec moi aujourd’hui! Mais combien il souffre! Je fais ce que je peux pour la lui diminuer, et ferais bien davantage si on me le permettait. Aujourd’hui il s’est approché, il a soulevé la couronne (*d’épines) de sa tête, et je ne l’ai pas vu la replacer, comme toujours, sur sa tête. Il la tenu dans ses mains; toutes ses plaies étaient ouvertes, mais le sang n’en dégoûtaient pas comme à l’habitude; elles étaient bénignes.

Il est habituel pour lui de me bénir avant de me laisser, et en effet, il a levé sa main droite. De cette main, j’ai alors vu en sortir, un rayon de lumière de très loin plus forte que la lumière (*terrestre). Il gardât sa main levée et je restais là à la fixer, et je ne pouvais me rassasier de la contempler! Oh si je pouvais faire connaître; faire voir à tous comment est beau mon Jésus ! Il me bénit avec la même bonne main qu’il avait levée, et il est partit.

Après que ceci me soit arrivé, j’aurais bien voulu savoir ce que signifiait cette lumière qui sortait de ses plaies; en particulier, de sa main droite, celle avec laquelle il m’avait bénit. Alors mon Ange Gardien me dit ces paroles : ‘Ma fille, en ce jour, la bénédiction de Jésus a déversé sur toi une abondance de grâce. Voilà ce que signifie cette lumière.’ Et à l’instant même où j’écris ces mots, il s’est approché et il m’a dit : ‘Ma fille, je vous recommande fortement de toujours m’obéir, et en tout. Révèle tout à ton Confesseur; dis-lui de ne pas te négliger mais de te garder cachée.’ Et il a ajouté : ‘Dis-lui que Jésus veut qu’il montre beaucoup plus de soin envers toi et y accorder plus de d’attention car tu as trop peu d’expérience.’ Il m’a redit ces choses plusieurs fois, même maintenant, après que je les ai écrites.

Je me suis réveillée, et je le cherchais autour de moi. Il m’avait vraiment semblé le voir et l’entendre me parler. Jésus, que ta Très Sainte Volonté soit toujours accomplie!

Combien je souffre de l’obligation de devoir écrire certaines choses! La révulsion que je ressentais au commencement, loin de diminuer, va en empirant, et j’en ressens une mortelle contrariété. Combien de fois aujourd’hui, j’ai cherché et essayé de brûler tous mes écrits! Et alors? Toi, ô mon Dieu! Peut-être que tu aimes que j’écrive ces choses cachées, que tu m’as fait connaître par ta bonté, dans le but de me garder toujours humble et abaissée à tes yeux? Si c’est ta volonté, oh Jésus, je suis prête à la faire connaître. Mais ces écrits; de quelle utilité sont-ils? À ta plus grande gloire, oh Jésus, ou me faire tomber de plus en plus dans le péché? Tu as voulu que je fasse ainsi, et je l’ai fait. À ce propos, saches que je cache chaque mot dans la Sainte Blessure de ton Côté,

18 au 19 août Samedi – Dimanche

Durant la Sainte Communion ce matin, Jésus m’a fait savoir que ce soir à minuit, M. M. Teresa, s’envolera au Paradis. Jésus m’avait promis de me donner un signe, mais rien pour l’instant. Minuit est arrivé et toujours rien. Maintenant il est 1:00am; rien encore. Près de 1:30am, j’ai eu le pressentiment que la Marie viendrait m’avertir quand l’heure serait venue.

En effet, peu de temps après il m’a semblé voir venir Mère Teresa, vêtue en Passioniste, accompagnée de son Ange Gardien et de Jésus. Comme elle avait changé depuis le jour où je l’avais vu pour la première fois! Elle s’approcha de moi en souriant et m’a dit qu’elle était vraiment heureuse et qu’elle s’en allait savourer (*la présence) de son Jésus, éternellement. Elle m’a encore remercié et a ajouté : ‘Dite à la Mère Giuseppa que je suis heureuse et en repos.’ Elle a fait signe de la main plusieurs fois pour dire au revoir, et ensemble, elle, Jésus et son Ange Gardien, s’envolèrent pour le ciel vers 2:30am.

Cette nuit-là je souffrais beaucoup parce que je voulais aussi aller au Paradis mais personne n’a fait un mouvement pour me prendre. Le désir que Jésus avait fait naître en moi depuis si longtemps, a finalement été satisfait. Mère Teresa est dans les cieux, mais même du Paradis, elle me promit de revenir me voir.

Lundi, 20 août – 1900

Hier durant la journée, j’ai eu à parler avec mon Ange Gardien encore une fois. Il m’a premièrement reproché ma paresse dans la prière; il m’a aussi reproché plusieurs autres choses; toutes concernaient mes yeux, et il me fit des remontrances sévères. À l’Église hier soir, il m’a de nouveau rappelée ce qu’il m’avait dit durant la journée et me disant que je devrai en rendre compte à Jésus.

Finalement, avant d’aller au lit, je lui ai demandé sa bénédiction. Il m’a averti qu’aujourd’hui, le 20 août, Jésus souhaitait que je subisse un assaut de la part du démon car j’avais été, durant plusieurs jours, si négligente dans la prière. Il m’a averti que le diable ferait tout ses efforts pour m’éloigner de la prière mentale (*l’oraison) pendant toute la journée, et que je serais privée de ses visites, mais seulement pour aujourd’hui.

J’ai fait la Sainte Communion, mais qui sait dans quel état! J’étais si distraite par mes pensées qui retournaient sans cesse à la nuit dernière, à propos d’un affreux rêve lequel j’avais reconnu préparer par le diable.

Oh Dieu! Comme cette attaque était forte! Je dirais presque terrible. Aucune bénédiction ni scapulaire n’était suffisant pour freiner la tentation la plus immonde et obscène que l’on puisse s’imaginer. Ce démon était si impur, que j’ai fermé mes yeux et ne les ai pas rouverts jusqu’à ce que je sois absolument libérée de lui. Il m’a fait penser à des choses qui sont séduisantes et sales; et il est même venu avec ses mains …

Mon Dieu! Si je n’ai commis aucun péché je le dois à toi seul; sois-en loué! Maintenant que dire de ces moments-là? Cherchez Jésus et ne pas la trouver, est une peine plus grande que la tentation elle-même.

Ce que je ressentais, seul Jésus le sait; lui qui était secrètement témoin, et se glorifiait de moi. À un certain point, lorsque les tentations semblaient prendre plus de force, il m’est venue à l’esprit d’invoquer le Saint Père de Jésus, et j’ai crié : ‘Père éternel; par le sang de Jésus, libère moi!’

Je ne sais pas ce qui s’est passé. Ce bon-à-rien de diable m’a poussé si fort que je suis tombée du lit, et je me suis frappée la tête sur le plancher si violemment que j’ai ressenti une grande douleur. J’ai perdu conscience et je suis resté sur par terre très longtemps avant de regagner conscience.

Que Jésus soit remercié, car aujourd’hui, selon son bon plaisir, tout s’est passé pour un bien tellement plus grand!

Le reste de la journée s’est merveilleusement passée. Au soir, selon ce qui m’arrive souvent, tous mes graves péchés me sont venus à l’esprit avec une telle énormité que j’ai dû faire de grands efforts pour ne pas me mettre à pleurer tout fort. J’ai ressenti une douleur comme je n’en avais jamais ressenti auparavant. Le nombre de mes péchés dépasse mille fois mon âge et ma capacité : cependant, ce qui me console, c’est que j’en ai ressenti une grande tristesse et je souhaite que cette douleur ne puisse jamais s’effacer de mon esprit et ne jamais diminué. Mon Dieu, jusqu’où s’élèvera ma malice!

Ce soir, à vrai dire, j’attendais Jésus, mais non! Personne ne s’est montré, sinon mon Ange Gardien, qui me veille constamment, pour m’instruire, m’édifier, et me donner quelques conseils judicieux. Plusieurs fois par jour, il se révèle à moi et me parle. Hier il m’a tenu compagnie pendant que je mangeais, mais il ne m’a pas forcé comme il l’a fait les autres fois. Après avoir mangé, je ne me sentais pas bien du tout, alors il m’apportât une si bonne tasse de café que j’ai été immédiatement guérie. Ensuite il me fit même me reposer un peu.

Plusieurs fois, je l’envoie demander à Jésus de le laisser avec moi toute la nuit, il part le Lui demander, et il revient. Quand Jésus le permet, il ne me quitte pas jusqu’au matin.

Mardi, 21 août

Peut-être que je me trompe mais aujourd’hui je m’attends à une petite visite du Confrère Gabriel. Si cela est vrai, je dois lui parler de beaucoup de choses. Jésus donne beaucoup de lumières au Père Germano et au Confesseur, mais pas à moi.

Mercredi, 22 août

Hier mon Ange Gardien m’a informé que durant le court de la journée, Jésus allait venir. Il (*l’Ange) me parlât très fort et me dit que j’étais une arrogante. Mais je m’en suis remise. Je ne pensais plus à la visite de Jésus, parce que je ne le croyais pas. Mais en me préparant pour la prière du soir, je me suis sentit toute recueillie en la présence de Jésus, qui me fit tout de suite ce doux reproche, en disant : ‘Gemma, ne veux-tu donc plus de moi?’ ‘Oh mon Dieu! Mon Dieu!’, lui ai-je répondu, ‘est-ce que je ne vous cherche pas assez? Mes désirs se portent vers vous en tout lieu; je vous veux et vous cherche toujours; je n’ai de passion qu’en vous seul!’ Alors il m’est tout de suite venu à l’esprit de lui demander : ‘Alors Jésus, si vous êtes venu ce soir, cela signifie que vous ne viendrez pas demain soir?’ Il me promit de le faire. Mais le Confesseur m’a dit qu’en toute conscience, je serai responsable soit de souffrir ou de me sentir bien. Et si je me sens bien, je pourrai souffrir l’heure habituelle avec Jésus, sinon, que Jésus vienne de toute façon, mais sans me faire souffrir. Je pourrai demeurer avec lui et compatir pour lui, à la mortelle tristesse dont il a souffert au Jardins des Oliviers. Voilà! Dans un cas comme dans l’autre, je demeure dans l’obéissance.

Jésus me dit aussi, sans que je commence à en parler, de l’âme sainte de la dame Giuseppina Impériale. ‘Oh combien elle m’est chère!’ (Jésus répétât cette phrase). ‘Vois’, a-t-il ajouté, ‘combien elle souffre sans aucun instant de répit! Bienheureuse soit-elle!’ Puis il me laissât, comme à l’habitude, dans une inexprimable consolation.

Par la grâce de Jésus et de sa miséricorde infinie, mon Ange Gardien ne m’a pas quitté pour une seconde. Hier, j’ai vu plusieurs Anges : Le mien m’a continuellement assisté. J’en ai également vu un autre; celui d’une autre personne, mais de rapporter ici tous les détails. Si l’obéissance me le requiert, je serai prête, mais pour tout de suite… c’est assez… Si cela est nécessaire, je m’en souviendrai.

Jeudi, 23 août

Hélas! Le soir venu, le refroidissement habituel. La répulsion habituelle m’assaille et la fatigue voudrait avoir le dessus sur moi, mais avec un petit effort, jamais je n’aurai à négliger mon devoir.

Ce soir Jésus a placé sa couronne sur ma tête à environ 10:00pm, après avoir été un peu recueillit. Ma souffrance, qui n’égale en rien celle de Jésus, était très forte. Même toutes mes dents me faisaient mal; chaque mouvement me causait une douleur vive! J’ai pensé ne pas pouvoir résister mais finalement je l’ai fait, et tout s’est bien passé.

J’ai offert aux pécheurs ces quelques peines, mais surtout pour ma pauvre âme. Je l’ai prié de revenir bientôt. Quand il fut sur le point de partir, nous avons fait un concours, moi et Jésus : qui de nous deux sera le premier à visiter l’autre. (Je veux dire aller à la Sainte Communion). Et ensemble nous nous sommes mit d’accord sur ceci : J’irai à lui, et Lui viendra à moi. Il m’a promit l’assistance de mon Ange, et me quittât.

Vendredi, 24 août

Plus tard Jésus revint reprendre la Couronne, mais il vint très tôt en me disant que j’en avais déjà assez fait. Et comme je ne voulais pas la lui rendre parce que je n’avais pas accompli le nombre d’heure habituelle, il m’a répondu que j’étais toujours faible, et que cela était plus que suffisant.

J’ai soufferte continuellement pendant plusieurs heures; Jésus m’a beaucoup caressé. À un certain point de notre discussion, je lui ai demandé des éclaircissements à propos de mon Confesseur; sur ce point mon Ange Gardien a comméré quelque chose à l’oreille de Jésus. Je me suis sentie comme espionnée par l’Ange. Hier matin, il m’avait dit combien le Père Germano était bien informé sur moi et aimerait bien me prendre sous son aile. Sans penser à mal, j’ai mentionné la chose à Jésus, et il m’a dit qu’il ne savait pas que l’Ange Gardien m’avait dit cela. Il prit alors un visage sérieux et m’a dit qu’il n’avait jamais voulu que l’Ange Gardien fasse du commérage à son endroit.

Mais pendant qu’il parlait, au lieu de demeurée sans voix, comme il m’arrive d’habitude lorsque Jésus se fait sérieux et sévère, j’ai eu au contraire, plus de confiance, et j’ai commencé à lui demander : ‘Jésus, tu ne pourrais pas…’ Et je me suis tue, sachant que je m’étais déjà fait comprendre sans plus de paroles. Jésus comprit et il me répondit immédiatement : ‘Ne t’en afflige pas, ma fille. Nous ferons rapidement appel au Père Germano. Tu comprends?’ Me demandât-il. ‘Oui’, lui ai-je répondu. Et pour finir il a répété ces paroles : ‘Sois sans crainte, parce que bientôt il nous sera utile.’ Il me fit signe avec la main en s’éloignant et disparut.

Plus tard je suis allez à l’Église pour recevoir l’habituelle Bénédiction, mais il me semblait être fatiguée, mais en fait, je ne l’étais pas vraiment, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, le désir de dormir n’est pas de la vraie fatigue mais de l’apathie, et celle-ci n’a guère envie de prier. L’Ange Gardien me dit à l’oreille que l’on pouvait aussi prier même en étant assis. À la première instance, je ne voulais pas céder, mais il a insisté une seconde fois; alors par obéissance, je suis demeurée assise. J’étais également contente parce que je n’étais pas capable de demeurer à genoux.

La nuit dernière il m’a également fait comprendre que lorsque Jésus m’adresse une plainte parce que je ne fais pas la méditation, cela ne concerne pas uniquement le jeudi et le vendredi, mais aussi tous les autres jours de la semaine. Il est vrai en effet, qu’en ces deux journées, je n’oublie jamais. Je lui promis d’être plus consciencieuse l’avenir. Il me commanda d’aller à lit, en me disant que j’étais fatiguée et que j’avais besoin de dormir. Je l’ai pressé de demeurer avec moi mais il ne m’a pas fait de promesse. Ce fut le cas, car il n’est pas demeuré.

‘Mais alors,’ lui ai-je dit, ‘cours vite à Jésus et supplie-le en ma faveur, parce que demain soir je dois aller à la confesse et que j’ai vraiment besoin de le voir,’ et il m’a immédiatement répondu : ‘Et si c’était le frère Gabriel qui venait?’ J’ai répondu : ‘l’un ou l’autre; Jésus ou Gabriel; d’une façon ou d’une autre j’ai besoin d’une visite. Supplie-le de me concéder cette grâce; j’en ai vraiment besoin.’ ‘Peux-tu me dire,’ a-t-il demandé, ‘lequel je préférerais?’ J’ai répondu : ‘Vas à Jésus et dis-lui tout, puis reviens ensuite me le dire.’ Il a fait signe que oui de la tête.

Il m’avait parlé peu d’instants auparavant du Confrère Gabriel et, comme toujours, juste à entendre parler de lui, me réjouissais tellement, que je n’ai pas pu m’empêcher de m’exclamer : ‘Frère Gabriel! Il y a si longtemps que j’attends et désire sa visite!’

‘Voilà, c’est justement parce que tu en a un si grand désir que Jésus ne veut pas le satisfaire.’ Tout en riant il m’a donné comme instruction; lorsque Jésus viendra, de ne pas lui laisser savoir que j’avais envie de voir le Frère Gabriel, car alors Jésus m’accorderait mon désir sans aucune difficulté. Évidemment, c’était une plaisanterie, car je sais que rien ne peut être caché à Jésus. ‘Allez! Montre de l’indifférence,’ continua-t-il, ‘et tu verras que Jésus te l’enverra plus souvent.’ – ‘Je ne serais pas capable de faire cela,’ ai-je dit. – ‘Mais je te montre comment faire; là! Tu dois parler ainsi à Jésus. S’il (*Gabriel) vient, tant mieux, sinon, et bien ça ne changera rien.’ En disant cela, il se mit à rire beaucoup. J’ai répété la phrase que je devais dire, mais j’avais compris qu’on ne faisait que nous amuser. Il me pressa d’aller au lit en me disant que je devais demeurer seule cette nuit parce que s’il devait rester, je n’aurais jamais été capable de dormir. Et il s’en alla.

C’est vrai parce que lorsqu’il est là, je ne peux pas dormir. Il m’enseigne tellement de choses à propos du Ciel et la nuit passe très rapidement. Mais la nuit dernière fut différente; il m’a laissé seule et j’ai dormi; même si je me suis éveillée plusieurs fois, et il me disait immédiatement : ‘Toi tu dors! Sinon je vais m’en aller pour vrai.’

J’ai entendu plusieurs coups de tonnerre très forts, et j’avais peur; alors il est venu et s’est rendu visible à moi. Il m’a béni une fois encore et je me suis rendormie.

Samedi, 25 août

Durant la Communion ce matin je n’ai reçu aucune consolation; j’ai tout fait avec froideur. Que la Sainte Volonté de mon Dieu soit faite! Que va-t-il se passer aujourd’hui? Jésus ne vient pas, et je ne sens même pas qu’il est au alentour. Je vais me reposer et je vois un Ange Gardien qui approche, je reconnais que c’est le mien, mais j’étais un peu prise de peur et même de trouble, intérieurement. Il m’arrive très souvent d’être assaillie par la peur quand je vois quelqu’un m’apparaître, mais petit à petit cela disparaît et se termine en consolation. Hier toutefois, ma perturbation allait en grandissante, comme si quelqu’un me touchait et m’ébranlait; quelque chose qui n’arrive jamais d’habitude quand il s’agit véritablement de mon cher Ange. J’ai commencé à douter de lui quand il m’a demandé : ‘Quand vas-tu te confesser?’ J’ai répondu : ‘Ce soir.’ – ‘Pourquoi y vas-tu si souvent? Ne sais-tu pas que c’est un escroc, ton Confesseur?’ Alors j’ai compris ce qui était en train de se passer ici. J’ai fait le signe de la croix plusieurs fois, puis il m’a frappé et m’a fait pivoter. Mon ange ne me parlait jamais de façon semblable. La raclée a duré longtemps comme ça, et j’ai promis que j’irais me confesser malgré tout. Et j’y ai été! J’ai appelé Jésus et ma Mère, mais quoi? Personne? Après un certain temps, mon véritable Ange Gardien m’est apparu. Il m’a donné l’ordre de confesser chaque détail, et il a spécifié deux choses en particulier, que je devais dire au Confesseur.

Le trouble et la peur de l’ennemi disparut rapidement, et le calme m’est revenu jusqu’à ce qu’il soit temps que j’aille me confesser, mais j’aurais voulu y aller pour rien au monde. En faisant beaucoup d’efforts, j’y ai été, mais j’étais capable de dire très peu de choses. Mais je veux tout avouer, alors je vais l’écrire.

Ma chère Mère est venue hier soir, mais sa visite a été très courte mais elle m’a grandement réconfortée. Je la priai à mon sujet autant que j’ai pu, afin qu’elle pour qu’Elle m’emmène dans le ciel. J’ai aussi prié avec ferveur pour les autres. Comme elle souriait quand je l’appelais ‘Maman!’ Il s’approcha, me fit une caresse et elle me laissa en compagnie de mon Ange Gardien, qui a su se demeurer affable et d’humeur plaisante jusqu’au matin.

Dimanche, 26 août

Au matin, après avoir quitté la chambre, il la quitta aussi. Je suis allée recevoir la Sainte Communion sans rien ressentir de la présence de Jésus. Durant la matinée, j’avais un si grand besoin de pleurer qu’il a fallu que j’aille me cacher hors de la vue des autres afin qu’ils ne s’aperçoivent de rien. J’avais mauvaise conscience et je ne savais à quoi m’agripper. Mon Dieu! Voilà que je m’apprête à décrire ma situation! Mais ce sera pour le mieux car si mon livre tombait un jour dans les mains des gens, ils ne verront en moi qu’une personne mauvaise et insubordonnée.

Hier, pendant que je mangeais, j’ai levé les yeux et j’ai vu mon Ange qui me regardait avec une expression tellement sévère qu’il m’a fait peur. Il était là sans parler. Plus tard, quand je suis allée au lit pour un moment; mon Dieu! Il m’a ordonné de le regarder en face; j’ai regardé et presque immédiatement j’ai baissé le regard. Mais il a insisté et a dit : ‘N’as-tu pas honte de commettre des fautes en ma présence? Tu les commets, alors ensuite tu dois en sentir la honte!’ Il a insisté pour que je le regarde. Pendant plus d’une demi-heure il m’a fait demeurer en sa présence et regarder sa figure et me lançait quelques regards implacables.

Je ne faisais que pleurer. Je me recommandais à mon Dieu, et à notre Mère pour qu’elle me sorte de là, car je ne pouvais résister plus longtemps. De temps en temps il me répétait : ‘J’ai honte de toi!’ Je priais pour que les autres ne le voient pas en cet état, car personne n’aurait jamais plus osé venir près de moi. Je ne sais pas si les autres l’on vu.

J’ai soufferte ainsi pendant une journée entière, et à chaque fois que je levais les yeux, il me regardait toujours d’un air sévère. Je ne pouvais pas me recueillir une seule minute. Ce soir là j’ai dit mes prières quand même, et il était toujours là à me surveiller avec la même expression. Il m’a cependant bénit et laisser aller au lit. Il ne m’a pas quitté; il est demeuré avec moi pendant plusieurs heures, sans parler et gardant toujours cet air de sévérité.

Pendant tout ce temps, je n’ai pas eu le courage de lui dire un mot. Je disais seulement : ‘Mon Dieu, quelle honte pour moi si les autres voyaient mon Ange si fâché envers moi!’

Je n’ai pas pu dormir du tout la nuit dernière; je me suis réveillée à 2 :00am. Je le sais parce que j’ai entendu l’horloge sonner deux coups. Je suis demeurée au lit, sans bouger, mon esprit tourné vers Dieu, sans toutefois prier. Finalement, après les coups de 3:00am, j’ai vu mon Ange s’approcher de moi, il a placé sa main sur mon front en disant : ‘Dors maintenant, mauvaise fille.’ Et je ne le vis plus.

Lundi, 27 août

Ce matin j’ai prit la Sainte Communion. J’ai eu à peine le courage de le faire. Il m’a semblé que Jésus me donnait la cause pour laquelle mon Ange Gardien a agit comme il l’a fait. J’avais très mal faite ma dernière confession. Malheureusement c’était vrai.

Lundi, 28 août

Mon Ange Gardien est demeuré très sévère jusqu’à ce matin, jusqu’à ce que j’aie tout avoué à mon Confesseur. Quand il m’a vu sortir du confessionnal toute excitée, il m’a regardé en riant, avec un air de satisfaction : j’étais revenue de la mort à la vie.

Plus tard il m’a parlé de la chose lui-même (car je n’avais pas le courage de le questionner) : il m’a demandé comment j’allais car je ne me sentais pas bien à cause de la nuit précédente. Je lui ai répondu qu’il n’y avait que lui qui pouvait me guérir. Il s’est approché de moi et m’a fait d’affectueuse caresses, encore et encore, et il disait que je devais être plus obéissante.

À plusieurs reprises, je lui ai demandé s’il m’aimait autant qu’avant, et aussi s’il m’aimait inconditionnellement, et il m’a répondu de cette façon : ‘Aujourd’hui je n’ai pas honte de toi; hier je l’étais.’ Je lui ai demandé plusieurs fois de me pardonner et m’a fait comprendre que j’étais pardonnée de toutes mes actions passées. Finalement je l’ai envoyé à Jésus pour trois choses :

1ère : Savoir s’il était content de moi.

2e : S’il m’avait tout pardonné.

3e : Et pour qu’il me débarrasse de cette honte, afin que je puisse être plus obéissante envers mon Confesseur.

Il est parti immédiatement, mais il n’est revenu que très tard. Il a dit que Jésus était très content de moi et qu’il m’avait tout pardonné, mais que c’était pour la dernière fois. Concernant la honte, il a dit que Jésus avait répondu par ces exactes paroles : ‘Dis-lui d’obéir parfaitement.’

Enfin je suis allée me mettre au lit, mais après un certain temps, j’ai eu quelques remords. J’étais en train de me demander s’il était bien de faire une méditation sur la Passion, dans mon lit? Mon Ange Gardien m’a demandé ce que moi, j’en pensais. J’ai répondu : ‘À propos de la Passion, que penserait de moi Jésus de me voir mener une vie aussi facile et confortable; priant peu, et au lit?’ En réalité, je passe au lit tout mes temps de prières! Malheureusement, tout cela est vrai. Il m’a répondu en me demandant ce que moi j’en pensais. ‘C’est de la paresse’, ai-je répondu! J’ai alors fait la promesse qu’à partir de ce soir je n’allais plus jamais plus prier dans mon lit; en dehors des jours où j’en ai le devoir, par obéissance (*à son Confesseur).

Hier soir, et pendant toute la nuit, il ne m’a jamais quitté, mais à cette condition de me taire et de dormir. Ce que j’ai fait.

Mercredi, 29 août

Aujourd’hui j’ai voulu faire quelque chose. J’ai voulu écrire une note au Frère Gabriel; la donner ensuite à mon Ange Gardien et attendre une réponse. Et nous ferons cela sans que Jésus le sache, car lui-même a dit qu’il ne dirait rien à Jésus.

Et je l’ai fait. J’ai écrit une très longue lettre. J’ai parlé de toutes mes expériences sans rien omettre du tout. Alors j’ai informé l’Ange Gardien qui était là, s’il voulait bien… Ce soir, mercredi, je l’ai placé sous mon oreiller. Ce matin, quand je me suis levée, je n’ai pas pensée de regarder car j’avais autre chose à l’esprit; il fallait que j’aille à Jésus. (* la Messe)

Jeudi, 30 août

Aussitôt que je suis revenue, j’ai regardé, et chose étrange, la lettre n’était plus là! Je dis ‘étrange’ parce que c’est ce que j’ai entendu les autres dire que c’était une chose bien étrange, mais à moi, elle ne me la semble pas. Mon Ange Gardien m’a demandé ensuite si j’avais besoin d’une réponse. J’ai ri! ‘Et de quoi d’autres’, lui ai-je dit, ‘mais bien sûr que j’ai besoin d’une réponse!’ ‘D’accord’ qu’il me dit, ‘mais tu n’auras pas de réponse avant samedi.’ Patience donc jusqu’à samedi.

En attendant, me voilà au jeudi soir. Oh Dieu! Tous mes péchés défilent devant moi. Quelle énormité! Oui, tous vous devez savoir que ma vie jusqu’à présent, a été composée de continuelles séries de péchés. J’en vois toujours leur grande quantité et les intentions malicieuse avec lesquelles je les ai commis. Cela m’arrive spécialement quand le jeudi soir approche. Ils se présentent devant moi d’une manière si effrayante. Je deviens honteuse et exécrable à moi-même. Alors, spécialement ce soir, je me repends continuellement et je fais des résolutions, mais je n’en garde aucune. Je retombe toujours dans ma façon de vivre habituelle. Un peu de force et de courage me viennent quand, durant ces moments, je sens Jésus placer sur moi la couronne d’épines qui me fait souffrir jusqu’à vendredi soir. J’offre cela pour les âmes pécheresses; et surtout pour la mienne.

Voilà ce qui s’est passé hier soir, jeudi : Comme à l’habitude ce soir-là, j’ai sentie que Jésus posa sur ma tête la couronne d’épines – la cause de tant de douleur à mon cher Jésus,- et me la laissa pendant plusieurs heures. Elle m’a fait souffrir un peu, mais quand je dis ‘souffrir’, je veux plutôt dire : prendre du plaisir. Oh combien Il a été affligé! Et ceci en raison de tous les péchés commis, et de toutes les âmes ingrates qu’il bénit tellement, pour ensuite en recevoir exactement l’inverse en retour. Jésus a certainement dit la même chose de moi. Combien je me sens coupable de cette ingratitude moi-même!

Mon Ange Gardien m’a prévenu que cette heure d’obéissance était terminée. Que faire? Jésus serait resté plus longtemps, mais il a vu clairement la situation embarrassante dans laquelle je me trouvais. Il m’a rappelé l’obéissance, et que par obéissance, je devais renvoyer Jésus, parce que l’heure était terminée. ‘Allons!’, dit Jésus; ‘donne-moi le signe, maintenant, que tu obéiras toujours.’ Alors je me suis exclamée : ‘Maintenant, tu peux t’en aller Jésus, car je ne te veux plus!’ Jésus a sourit et il m’a bénit; de même que tout le Saint Collège. Après avoir recommandé à l’Ange Gardien de m’assister, il me laissa avec une joie, telle que je ne peux exprimer moi-même.

Comme d’habitude, cette nuit-là, je ne pouvais pas dormir parce que je me sentais unie à Jésus; une union plus étroite qu’à l’habitude; et j’avais en plus, un peu mal à la tête, alors j’ai veillé avec mon cher Ange.

Vendredi, 31 août

Au matin j’ai couru et suis allée prendre la Sainte Communion, mais je n’ai pu rien dire; la douleur dans ma tête m’en a empêché. Mon Dieu; quelle omission en cela! Jésus n’a rien épargné pour moi, tandis que moi, pour ne pas souffrir, je répugne à faire le moindre mouvement si je le peux. Mon Jésus, que dis-tu de cette paresse et ce manque de volonté ?

Toute la matinée je n’ai fait que me reposer. Au début de la journée, et sans aucun effort, je me suis envolée vers Jésus. Il m’a enlevé les épines et m’a demandé si j’avais souffert beaucoup. ‘Oh, mon Jésus,’ me suis-je exclamée, ‘la souffrance commence maintenant parce que tu t’en vas. Hier et aujourd’hui, j’ai prit beaucoup de plaisir parce que je me sentais près de toi; mais à partir de ce moment, jusqu’à ton retour, ce sera vraiment une constante souffrance.’ Je l’ai imploré : ‘Viens mon Jésus; viens plus souvent; je serai bonne; j’obéirai à tout le monde. Rassasie-moi Jésus.’ Je souffrais pendant que je parlais parce que petit à petit, Jésus disparaissait.

Finalement, après un court laps de temps, il me laissa seule, et de nouveau je me trouvais dans l’abandon habituel. Vers le soir je suis allée me confesser, mais le Confesseur, croyant que je ne me sentais pas bien après avoir eu cette douleur, m’a ordonné d’aller au lit aussitôt que j’arriverais dans ma chambre. Il m’a ordonné de dormir, sans parler à mon Ange Gardien (parce que quelquefois il parlait pendant des heures sans fin), et je devais dormir.

Je suis allée au lit mais je ne pouvais pas dormir à cause de la curiosité que j’avais. Je voulais demander à mon Ange Gardien tellement de choses, en attendant qu’il me les dit de lui-même, mais pas du tout! Tout ce qu’il m’a dit, plusieurs fois même, c’est de dormir. Finalement je me suis endormi.

Samedi, 1 septembre

Puis ce matin il m’a réveillé lui-même et m’a dit qu’aujourd’hui j’aurai ma réponse. ‘Comment?’ Ai-je demandé, ‘tu verras,’ a-t-il dit en riant.

Toute la journée, je suis demeurée sans tentations. Mais vers le soir, tout à coup, j’en ai eu une à l’improviste, et des plus impures. Mais je ne pense pas que ce serrait bon de la raconter parce qu’elle était trop…

Qui aurait imaginé que ce soir, ma chère Mère est venue me voir? Je ne l’espérais même pas parce que je croyais que ma mauvaise conduite ne me le permettait pas. Mais elle eu compassion de moi et en un rien de temps, je me suis sentie recueillie intérieurement, et comme il arrive souvent après cela, ma tête est ‘partie.’ Je me suis retrouvée, (pensais-je), en présence de Notre Mère des Douleurs. Que de bonheur dans ces instants! Comme il est doux de pouvoir prononcer le nom de Maman! Quel charme ai-je ressentie dans mon cœur durant ces brefs moments! Que l’explique, qui le pourra!

Après quelques moments d’émotion, il m’a semblé qu’Elle me prit dans ses bras et fait reposer ma tête sur son épaule un peu de temps. Mon cœur, en ces moments, a été remplit de bonheur et de contentement; je ne pouvais rien désirer de plus. ‘N’aimes-tu personne d’autre que moi?’ me demandât-elle de temps en temps. ‘Oh non,’ répondis-je, ‘j’aime quelqu’un d’autre encore plus que vous.’ – ‘Et qui est-ce?’ Demandât-elle en prétendant ne pas le savoir. ‘C’est la personne qui est pour moi la plus chère; et même plus que tout le reste. Je l’aime tellement que je renoncerais à la vie en cet instant même; à cause de Lui je n’attache plus d’importance à mon corps.’ -‘Mais dis-moi enfin qui il est,’ me demandât-elle impatiemment. ‘Si vous étiez venue le soir d’avant-hier, vous l’auriez vu assit avec moi. Mais voyez-vous, il vient à moi très rarement, tandis que je vais à lui tous les jours, et j’irais encore plus souvent si je le pouvais. Mais savez-vous chère Mère’ ai-je dit, ‘pourquoi agit-il ainsi? Parce qu’il veut voir si, séparés par une grande distance, je pourrais être capable de ne plus jamais l’aimer. Mais au contraire, plus loin il se trouve, plus je suis attirée par lui.’ Elle a répété : ‘Dis-moi qui il est.’ -‘Non je ne le vous dirai pas,’ ai-je répondu. ‘Vous devriez voir chère Mère, comment sa beauté ressemble à la vôtre; ses cheveux sont de la même couleur que les siens.’ Et il m’a semblé que ma chère Maman me caressait en me disant : ‘Mais ma Fille, de qui parlez-vous?’ Et je me suis exclamée fortement : ‘Ne me comprenez-vous pas? Je suis en train de parler de Jésus!’ Et je l’ai répété encore plus fort. Elle m’a regardé en souriant et en me serrant sur elle fortement. ‘Vas-y; aimes-le; aimes-le beaucoup, et n’aimes que lui!’ -‘Ne craignez pas’, lui dis-je : ‘personne au monde ne goûtera mon affection; seulement Jésus!’

Elle m’a encore serré dans ses bras, et il m’a semblé qu’elle m’embrassait sur le front. Je me suis réveillée et retrouvée sur le plancher, avec le crucifie non loin de moi.

Quiconque lit ces choses, je le répète encore, ne doit pas les croire, car elles sont le fruit de mon imagination. Néanmoins je suis d’accord pour tout décrire parce que je suis liée par l’obéissance. Autrement je ferais différemment.

J’ai cru que, un jour en apportant un autre, la répugnance que j’éprouve à écrire certaines choses, cesserait finalement, mais au contraire, j’en éprouve une augmentation; c’est un châtiment tel, que je ne peux pas supporter, et qui me fait mourir à petit feu.

Dimanche, 2 septembre

Cette nuit j’ai dormi avec mon Ange Gardien à mes côtés. En me réveillant, je l’ai vu près de moi. Il m’a demandé où j’allais; ‘à Jésus,’ lui répondis-je.

Le reste de la journée s’est passée très bien. Mais mon Dieu, qu’est-ce qui s’en est passées des choses vers le soir! Mon Ange Gardien, est devenu grave et avec une mine sévère, et je ne pouvais pas m’en imaginer la cause. Mais lui, à qui rien ne peut rester caché, (au moment où je commençais à réciter mes prières habituelles), me dit d’un ton sévère m’a demandé ce que je faisais. ‘Je suis en train de prier.’ Puis, (devenant encore plus sérieux), me dit : ‘Qui es-tu en train d’attendre?’ Sans y réfléchir, j’ai répondu : ‘Frère Gabriel.’ En m’entendant prononcer ces mots, il a commencé à me crier après, me disant que j’attendais en vain, tout comme j’attendais en vain la réponse (à ma lettre) parce que…

Et là, je me souviens de deux péchés que j’ai fait durant la journée. Mon Dieu, quelle sévérité! Il a prononcé ces mots plusieurs fois : ‘J’ai honte de toi! Je finirai par ne plus venir te voir du tout! Et peut-être même… à partir de demain!’ Et m’a quitté et laissé dans cet état. Il m’a tellement fait pleurer. Je voulais lui demander pardon, mais quand il est ainsi en colère, il ne veut me pardonner en aucun cas.

Lundi, 3 septembre

Je ne l’ai pas revue cette nuit-là, ni ce matin. Aujourd’hui il m’a dit d’adorer Jésus, se sentait abandon, puis il disparu encore.

Ce soir, les choses se sont passées beaucoup mieux que le soir d’avant. Je lui ai demandé plusieurs fois de me pardonner et il semblait être disposé à me pardonner. Ce soir, il est demeuré avec moi constamment. Il répétait que je devais être bonne et que je ne devais plus être un sujet de dégoût pour notre Jésus, et aussi, quand je suis en sa présence, je devrais essayer d’être meilleure.

Gianna_Beretta_Molla

Biographie de Sainte Gianna Beretta Molla

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